Narcisse et Écho ne sera pas un projet sur les sujets des selfies et du narcissisme. Il s’agit d’abord d’une histoire d’amour. Écho aime Narcisse, mais elle est condamnée à ne pouvoir que répéter les derniers mots qui lui sont adressés. Narcisse subit lui aussi un châtiment : il ne peut aimer que lui-même, et cet amour ne sera jamais satisfaisant. Tous les deux sont incapables de com-muniquer. La rencontre se refuse à eux, le nous est impossible. En fin de compte, ils restent solitaires, renvoyés à eux-mêmes, complémentaires dans leur enfermement. C’est cette solitude profonde du moi que nous voulons raconter. Le phénomène social du narcissisme, autant que celui de l’écho, sont des formes extrêmes de cette solitude. Certes, les innovations tech-nologiques de notre époque nous offrent de plus en plus de possibilités d’un échange avec les autres autant que de l’étude du moi. Mais cette solitude est toujours là. Aujourd’hui, nous ne sommes pas moins seuls qu’avant la révolution numérique.
David Marton