Découvrez la série ci-dessous :
Tout commence en 2018 par la création de Galin Stoev à partir du texte d’Ivan Viripaev :
Insoutenables longues étreintes
C’est l’histoire d’une rencontre entre quatre humains et quatre extraterrestres qui viennent s’installer dans la tête de chacun de nos protagonistes pour guider leur parcours sur cette planète et bien au-delà. Tout commence par un mariage, une infidélité, un avortement, enclenchant une série de rencontres mêlant sexe, violence, drogue et véganisme. Mais au fond il s’agit de comprendre que dans leur monde, sous les couches de l’indifférence, de l’aliénation et de la solitude, se cache une insoutenable tendresse qui transcende notre humanité et qui est peut-être la seule raison de notre existence.
Redécouvrez le teaser du spectacle ci-dessous :
Dans des moments d’incertitude quant à la date de retrouvailles avec le public, Galin Stoev s’est demandé comment préserver le lien, comment entretenir la curiosité et comment surmonter la tristesse de cette séparation et de cet isolement.
Le metteur en scène détaille sa nouvelle intention au micro de la matinale de France Culture le 25 mars 2021.
Interview à écouter ci-dessous :
(Retranscription disponible à la fin de l’article)
« Les acteur.rice.s sont réuni.e.s pour Insoutenables longues étreintes, mais ne peuvent pas jouer devant le public… Pourtant l’envie est là ! C’est l’occasion de mener une expérience vivante de théâtre. »
Ainsi, en ce mois de janvier 2021 commence le tournage d’une série à partir de la pièce de théâtre, sans être une captation, ni véritablement un film, pour découvrir autrement Insoutenables longues étreintes, créé en 2018.
Comme pour un décor, toute l’équipe est à la recherche d’une manière de construire ce croisement entre un spectacle vivant et sa version digitale, qui serait une expérience numérique de théâtre.
Se réinventer.
Stéphane Capron – France Inter
C’est ce que sont contraints de faire depuis bientôt presque un an tous les artistes, avec les fermetures des lieux culturels. Alors ils imaginent des formes nouvelles.
C’est le cas au ThéâtredelaCité, le CDN Toulouse Occitanie.
Coulisses, l’émission de Stéphane Capron sur France Inter, présente le film en tournage au ThéâtredelaCité.
Disponible en streaming ci-dessous :
Ce projet pédagogique mêle les comédien.ne.s professionnel.le.s du théâtre et les étudiant.e.s de l’École Nationale Supérieure d’Audiovisuelle (ENSAV) dont Rémi Castan et Déborah Verbier, en dernière année d’études.
Arte, France 3 et Artcena ont également plongé dans l’adaptation audiovisuelle de la pièce, et dans la collaboration du théâtre avec les étudiant.e.s en audiovisuel de Toulouse.
Accédez à l’article complet en cliquant directement sur France 3.
Découvrez la newsletter publiée par Artcena en cliquant ici.
Reportage vidéo France 3 disponible ci-dessous :
On est obligé de réinventer notre lien avec le public
Galin Stoev
Retranscription de l’interview de Galin Stoev pendant la matinale de France Culture à lire ci-dessous :
Ça bouillonne vraiment, parce que les équipes artistiques, techniques et administratives n’ont jamais arrêté. Ça veut dire qu’il y a des répétitions, il y a des recherches, il y a des créations qui sont jouées devant des professionnel.le.s en jauge réduite et il y a surtout des projets audiovisuels qui sont en train de se réaliser.
Ça veut dire créer des objets audiovisuels liés au spectacle vivant. Je n’aurais pas la prétention de réinventer le théâtre mais je pense qu’on est obligé, vu les circonstances, de réinventer notre lien avec le public. On ne peut pas mettre le théâtre en ligne entièrement, parce qu’on perdrait sa notion principale, c’est à dire partager le même espace-temps en vrai, en présentiel physique, émotionnel, psychique, tous ensemble.
Alors la question se pose, comment intégrer l’audiovisuel ? Sans forcément faire des captations, qui ne sont jamais aussi intéressantes qu’un spectacle en live. Est-ce qu’on peut partir d’une expérience de spectacle vivant et à partir de cette expérience, créer un objet audiovisuel qui n’est pas une captation ?
Ce n’est pas du théâtre filmé, ce n’est pas un film non plus ! Parce que ce n’est pas le budget, ce n’est pas le cadre, ce ne sont pas les moyens, du tout ! C’est une forme hybride, ni l’un ni l’autre.
Insoutenables longues étreintes, c’est un texte contemporain. Projet qui part d’un spectacle déjà existant. Nous avons commencé avec l’idée de créer une sorte d’objet expérimental à partir de cette pièce. On avait les comédien.ne.s en présentiel parce qu’on avait ces deux semaines d’exploitation annulées au dernier moment. Les comédien.ne.s étaient là, rémunéré.e.s, le décor était déjà mis en place, les technicien.ne.s étaient là !
Je me suis dit, je dispose de tous ces éléments devant moi. Il y avait un élément extrêmement important : il n’y avait pas de public ! Avec cette absence et cette présence, on a décidé de faire une mini-série à partir du texte.
On a coupé pas mal le texte, mais la structure et l’histoire restent les mêmes. Il y a les comédien.ne.s qui ont joué la pièce, qui connaissent très bien la matière, qui savent ce qu’ils.elles jouent mais ils.elles ont dû se déplacer complètement dans leur tête parce que cette fois-ci, ils.elles ne jouent pas devant une salle pleine, ils.elles ne s’adressent pas à un.e spectateur.rice qui est au dernier rang. Ils.elles envoient leur énergie différemment, ils.elles doivent jouer différemment. Ils.elles doivent modifier pas mal de choses parce qu’ils.elles jouent de manière assez intimiste avec la caméra.
On a le décor mais on ne le filme presque jamais d’une manière frontale ; c’est-à-dire du point de vue d’un.e spectateur.rice dans un théâtre. Non ! En fait la caméra va dans les coins, montre des choses qu’un.e spectateur.rice dans une salle de théâtre ne peut jamais voir. Cela devient donc une expérience théâtrale, mais pas tout à fait, parce que nous sommes beaucoup plus proche des comédien.ne.s, on les suit de près. Il y a un lien beaucoup plus intime qui s’installe.
Moi-même en tant que metteur en scène, j’ai dû changer. J’ai dû devenir un peu réalisateur et là, les modalités sont différentes, l’énergie est différente, la technologie, la production sont différentes aussi. Chacun.e a dû se déplacer légèrement dans ses habitudes. Cela a également été le cas pour l’équipe technique du théâtre, qui a dû travailler en étroite collaboration avec les jeunes de l’ENSAV, l’École Nationale Supérieure d’Audiovisuel de Toulouse. On a fait appel à ces jeunes élèves qui sont en train de terminer leurs études et qui depuis un an sont eux.elles-aussi en souffrance. Ils.elles ont eux.elles-mêmes dû travailler en étroite collaboration avec les technicien.ne.s d’ici ; c’est-à-dire les technicien.ne.s du théâtre qui ont créé ce spectacle, qui ont créé la lumière, qui ont créé l’univers sonore du spectacle. Et ce mix improbable a donné quelque chose d’extrêmement intéressant.
Normalement les équipes de cinéma et les équipes de théâtre se méfient l’une de l’autre ; comme si on faisait quelque chose de complètement différent et de très éloigné. Ici, la rencontre s’est faite sur un autre plan. On est tou.te.s en difficulté, on ne peut pas jouer. Le théâtre est vraiment en péril avec ce qui se passe, le cinéma aussi. Est-ce qu’on peut inventer un autre lieu, un autre plan, un autre champ de rencontre, au-delà de nos différences qui font que nous sommes normalement en opposition ?
Là, on est tou.te.s dans le même bateau et on essaye de résister à une situation désastreuse et de sortir ensemble un objet qui est beaucoup plus grand que chacun.e de nous séparément.
Interview diffusée dans la matinale de France Culture le 25 mars 2021.
En partenariat avec l’École Nationale Supérieure d’AudioVisuel de Toulouse (ENSAV)