Madame AdministratriceThéâtredelaCité

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Monsieur, Madame

Madame Administratrice

Valérie Soulignac est l’administratrice du ThéâtredelaCité depuis 2010, un métier qui s’apparente à celui d’une cheffe d’orchestre au regard d’une mission très éclectique : interface quotidienne avec les équipes à l’interne, rouage essentiel de l’équipe de direction et du théâtre tout entier, interlocutrice des tutelles à l’externe, l’administratrice centralise et décline des responsabilités très variées. Cheffe d’orchestre donc, puisqu’elle veille à garantir un théâtre « en ordre de marche », à ceci près qu’elle n’a pas de baguette et qu’elle oeuvre loin du plateau et des feux de la rampe.

©Joakim Munoz-Norée

Le genre de mission donc qui ne tolère pas l’à peu près et l’indécision. C’est pourtant parce que, plus jeune, elle avait du mal à trancher dans tous les domaines qui l’intéressaient – « j’avais de la curiosité pour tout » – les langues, la philo, les lettres, que Valérie Soulignac a choisi de se former au management des entreprises culturelles. Histoire de « conjuguer son goût pour la gestion et l’organisation avec son envie de servir les artistes », elle emprunte ce qui lui paraît alors « le chemin le plus cohérent vers ce métier » dont elle dit aujourd’hui qu’il lui correspond totalement : un stage à la production d’abord, puis une expérience pendant trois ans au Théâtre de l’Est parisien, assimilé CDN, au milieu des années 2000 sous la direction de la dramaturge et comédienne Catherine Anne, forgeront sa conception du métier.

« Les missions de l’administratrice∙eur diffèrent quand on travaille en Centre Dramatique National car c’est un théâtre dirigé par un artiste » : l’administratrice∙eur s’imprègne du projet de l’artiste-directeur et s’efforce de le « retraduire » pour le rendre concret et le mettre en oeuvre. En effet, un CDN concilie le statut d’une entreprise privée et l’obligation de répondre aux exigences du label national en consacrant 50% de son budget à l’artistique. L’administratrice doit veiller à s’approcher le plus possible de cet équilibre en activant tous les leviers à sa disposition (les volets financier, budgétaire, comptable et juridique, les ressources humaines…) pour mettre en relation le maintien des objectifs d’un côté et les exigences de fonctionnement des services de l’autre. « Le cœur du budget d’un CDN, c’est la production, mais il faut être vigilante sur chaque typologie de dépenses. »

L’administratrice∙eur a donc un poste de ré-arbitrage permanent où il faut savoir jongler entre des compétences en gestion de budget (garantir l’utilisation des subventions, ventiler et suivre les budgets alloués aux différents services, rendre compte des dépenses) et des compétences juridiques (suivre l’évolution permanente de la législation, qu’il s’agisse des contrats, des normes de sécurité, répondre de l’organisation du travail, du suivi RH des personnels, etc). « Veiller à la bonne santé de l’entreprise et au respect du cadre légal partout et tout le temps, implique de se tenir sans cesse au plus près de l’information, une mission que je partage avec d’autres collègues administratrice∙eur∙s d’autres structures. Soit j’ai l’info, soit je sais où aller la chercher, dit Valérie Soulignac dans un sourire, mais il y a toujours du nouveau et des spécificités. C’est ce qui rend ce métier passionnant : il est à la fois toujours et jamais pareil ».