Cher∙ère∙s ami∙e∙s,
Lors de ce trimestre, vous pourrez rencontrer toute une palette de personnages, thèmes et mélodies venant du répertoire classique allant de Molière àRomain Gary en passant par Tchekhov, Schumann, Racine ou encore Théophile Gautier. La danse est fort présente, aussi bien que des textes contemporains qui vous feront voyager, parfois même jusqu’au cosmos. Ces voyages vers l’inattendu consistent à préserver le mouvement de la vie dans tous nos gestes et propositions artistiques, un mouvement qui est là pour nous rappeler notre humanité, même dans les moments les plus sombres que nous traversons en ce moment partout dans le monde.
Je me dis souvent que si l’actualité tue la joie de vivre, le théâtre doit contrebalancer, justement en créant des ouvertures vers un futur possible. La fantaisie et l’imagination, c’est ce qui nous constitue comme homo ludens. En d’autres termes, « l’homme qui joue », celui qui entretient son imagination et c’est justement à la frontière du rêve et de l’actualité documentaire que se trouve la proposition inattendue que je voudrais partager avec vous ce trimestre.
J’ai pu voir comment le théâtre
peut produire des mouvements tectoniques
dans la manière de penser ou de sentir le monde.
Cet été, je suis rentré en Bulgarie, mon pays natal, pour créer le spectacle La Haye de Sasha Denisova, une autrice ukrainienne. Elle a terminé l’écriture de ce texte au début de l’année 2023 et, quand je l’ai découvert, je me suis dit qu’il fallait absolument le présenter en Bulgarie, un pays où la propagande russe marche encore au point de diviser la société. À la création du spectacle à Sofia au mois de septembre, j’ai pu voir comment le théâtre peut produire des mouvements tectoniques dans la manière de penser ou de sentir le monde. Au-delà des questions artistiques, ce travail agit sur des questions sociétales qui dépassent largement notre petit univers théâtral. Dans un état de fatigue généralisée par rapport à la guerre en Ukraine, je pense que le théâtre peut créer des expériences et des moments de vie qui peuvent surprendre ou bouleverser, et que ce spectacle se place exactement à cet endroit. J’ai pu voir en Bulgarie l’impact que ce travail a sur différentes strates de la société, y compris politiques, sociétales, culturelles et même idéologiques, comme un antidote à la propagande. C’est pourquoi l’idée d’amener ce travail à Toulouse nous est apparue de manière évidente.
Il s’agit de processus importants qui nous concernent toutes et tous et je suis persuadé que le théâtre peut jouer ce rôle de catalyseur pour nous rappeler notre propre force et notre responsabilité dans un monde qui ressemble de plus en plus à une pièce de théâtre.