Savoir d’où l’on vient. Reconnaître ses dettes. Dévoiler les manques que rien ne comble et s’affranchir des spectres. Ces idoles qu’on honore et vénère autant qu’on les revendique.
Dans Ton père, Christophe Honoré se confrontait à une bibliothèque intime qui l’avait construit et qu’il récusait avant de finalement l’accepter. Tout en ponctuant son texte des photos de ceux qui dominent son Panthéon personnel.
Dans Plaire, aimer et courir vite, il replongeait dans ce moment où tout semble se jouer quand on apprend à rompre, à prendre son envol, à tourner la page.
Avec Les Idoles, reprenant la méthode aussi singulière qu’inimitable qu’il avait inventée pour évoquer les écrivains accueillis chez Minuit par Jérôme Lindon, Nouveau roman, il revient sur la constellation de créateurs disparus sans avoir pu transmettre, fauchés par la vague mortelle du sida du tournant des années 1990.
Pour conjurer la fatalité et proposer cette transmission impossible, le romancier-cinéaste confie au dramaturge le final de ce qui ressemble à un triptyque.
Retour sur une généalogie qui vaut filiation.

Rencontre orchestrée par Philippe-Jean Catinchi, Le Monde