Rencontre avec Marina DavydovaThéâtredelaCité

(…)
21 avril 2022 19:00
 

Rencontre avec Marina Davydova

Description

Galin Stoev et l’équipe du ThéâtredelaCité ont l’honneur de vous inviter à un temps d’échange avec la critique de théâtre et metteuse en scène russe Marina Davydova.

Également, rédactrice en chef de la revue TEATP (« théâtre », en russe) et directrice artistique du festival de théâtre moscovite Net, elle a dû récemment fuir la Russie suite à ses prises de position publiques contre le gouvernement russe dans le cadre de la guerre en Ukraine.

Nous vous invitons, le temps d’une rencontre, à partager avec elle son regard sur le contexte actuel d’un milieu artistique horrifié et tétanisé.

Informations

Biographie

Marina Davydova

Marina Davydova est critique de théâtre, metteuse en scène, dramaturge et productrice.
Elle a été diplômée cum laude (avec mention) du département de critique théâtrale de l’Académie russe d’art théâtral (GITIS/ RATI) en 1988. Elle a soutenu sa thèse de doctorat La nature théâtrale de la tragédie anglaise de la post-Renaissance et a travaillé comme chercheuse principale à l’Institut d’études artistiques. Elle a également enseigné un certain nombre de cours sur l’histoire du théâtre d’Europe occidentale dans différents instituts et a donné une masterclass sur la critique théâtrale à l’Université d’État russe des sciences humaines.
Elle est l’auteur des monographies The End of Theatre Epoch (2005) et Culture ZERO (2017), analysant les vingt dernières années de l’histoire du théâtre russe. Elle est également l’autrice et éditrice du livre L’histoire du théâtre d’Europe occidentale depuis l’époque de la Renaissance jusqu’à la fin du XIXe siècle (le chapitre Théâtre de la Renaissance).
Pendant de nombreuses années, elle a été critique de théâtre pour le plus ancien journal russe Izvestia.
Elle est actuellement rédactrice en chef de la revue TEATR, directrice artistique du festival NET à Moscou et chroniqueuse pour Colta.ru.
En 2016, elle était directrice de la programmation des Wiener Festwochen.
Elle est lauréate de nombreux prix de critique de théâtre, dont le prix Stanislavsky du meilleur livre de 2005 et le prix de l’Union des journalistes de Russie en tant que meilleure critique de théâtre (2007).
En janvier 2017, elle écrit et met en scène Eternal Russia, une performance qu’elle crée à Berlin, au Hebbel am Ufer. La performance tourne à travers l’Europe et est saluée par de nombreux médias allemands, russes et lituaniens. Elle est également programmée au BITEF-2018 et y reçoit le prix spécial du jury international.
En avril 2019, elle écrit et met en scène Checkpoint Woodstock, une deuxième performance, qu’elle crée au Thalia Theater d’Hamburg.
Sa pièce Trance a fait partie d’un projet international Die Neuen Todsunden, qui a été créé au Karlsruhe Schauspielhaus en octobre 2020.
En novembre 2020, elle conçoit et met en scène son premier spectacle en Russie, Diminishing the World.
Elle travaille actuellement sur le projet Country of No Return pour le Residenztheater de Munich.

Article dans Le Monde

Marina Davydova : « Le boycott total de la culture russe me semble sans avenir »

Propos recueillis par Fabienne Darge

Publié le 18 mars 2022 à 07h15 – Mis à jour le 18 mars 2022 à 19h26 

La critique de théâtre et metteuse en scène russe, réfugiée à Vilnius, estime que ses compatriotes artistes sont en danger.

Le 24 février, Marina Davydova, 55 ans, critique de théâtre, rédactrice en chef de la revue TEATP (« théâtre », en russe), directrice artistique du festival de théâtre moscovite Net et metteuse en scène, mettait en ligne une pétition appelant les autorités de son pays à arrêter immédiatement les hostilités sur le territoire ukrainien. Quelques jours plus tard, elle a dû s’enfuir de chez elle. Elle raconte un milieu artistique horrifié par la décision de Vladimir Poutine, mais tétanisé par la peur et l’inquiétude de l’enfermement.

Dans quelles circonstances avez-vous dû vous enfuir ?

Tout s’est passé très vite, en deux jours. Avant même que Vladimir Poutine ne promulgue, le 4 mars, une nouvelle loi faisant encourir jusqu’à quinze ans de prison à toute personne contestant l’invasion de l’Ukraine, j’ai compris que j’étais en danger. Je recevais des messages de menace, mon téléphone était sur écoute, et la lettre Z, devenue l’emblème du soutien à l’« opération militaire spéciale » lancée en Ukraine, a été peinte sur la porte de mon appartement : c’est une façon de vous désigner comme traître à la patrie, et, à partir de là, vous savez que tout peut arriver.

Je suis partie en voiture, avec des amis lituaniens. A la frontière entre la Russie et la Lettonie, j’ai subi un interrogatoire digne de l’époque stalinienne. J’ai finalement été relâchée et j’ai pu passer la frontière puis arriver à Vilnius, où je me trouve aujourd’hui. Une fois la frontière passée, je me suis rendu compte que mon domicile moscovite avait été filmé depuis le début par des caméras de surveillance : les images de ma fuite ont été largement diffusées sur Internet, comme celles d’une traître à la patrie. J’étais abasourdie d’avoir été ainsi espionnée, surveillée, alors que je ne suis même pas une militante.