12 000 d’après Romane Nicolas et l’ensemble de son œuvre

« Nous voulons un monde qui en contienne plusieurs. »
— Quatrième déclaration de la Forêt Lacandone

Un théâtre oxymorique

12 000 explore les propositions de Romane Nicolas :
Une écriture ultracontemporaine, brûlante, politique et grotesque, furieuse et tendre. Un théâtre qui se nourrit des tensions entre le vivant et la machine, la raison et la pulsion, le sacré et le n’importe quoi et met en lumière la manière dont l’individu s’étouffe avec les structures sociales qu’il a lui-même créées, le tout dans une langue qui tabasse.
12 000 ne cherche pas à monter une pièce, mais à relier des espaces-temps hétérogènes.
Le travail pourra prendre la forme d’un documentaire, d’un ciné-concert, d’un atelier de doublage en direct, d’une émission radio, d’un rituel chamanique ou d’un cours de zumba.
Autant de manières de déplier la langue de Romane Nicolas, de la faire vibrer, grincer, résonner, se tordre, se perdre.
Sous ses apparences de jeu et de chaos, le chantier interroge nos mythologies contemporaines : l’exploitation de l’homme par l’homme, les mécanismes du fascisme, la peur de l’effondrement, les ruines du capitalisme, les désirs de réinvention, de métamorphose.
Des histoires d’asservissement et de résistance qui questionnent notre rapport à la violence et à la beauté.
12 000, c’est une tentative pour penser le théâtre autrement : non comme une forme finie, mais comme un organisme vivant, polymorphe, en train de se faire.
Un espace de désobéissance bête et joyeuse où les acteurs deviennent des corps traversés par le texte, où le texte devient souffle, cri, musique.
On se dirait horde en cavale qui refuse la pureté des genres et lui préfère la confusion fertile, la lucidité tragique et la joie sale.
Maïa Sandoz