3 questions à Christian ThorelThéâtredelaCité

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3 questions à Christian Thorel

Fondateur et directeur de la Librairie Ombres Blanches.
Implantée au cœur de Toulouse depuis 1978, la Librairie Ombres Blanches a, dès ses débuts, tissé des liens très forts avec le monde de la culture et les théâtres de la ville. Retour sur une histoire partagée depuis quarante ans…

Comment sont nées les relations que vous entretenez avec le ThéâtredelaCité ?

Ce qui me vient, en premier lieu, c’est un souvenir de spectateur, celui d’une magnifique Mouette de Tchekhov montée par Bruno Bayen la même année que la création de la librairie. Et le souvenir ensuite de l’arrivée de Jacques Rosner à la tête du Théâtre Sorano qui allait devenir le Centre Dramatique National et bien plus tard le ThéâtredelaCité. À partir de là, nous avons constitué un pôle fondé sur l’envie commune d’accueillir de grandes figures de la vie intellectuelle, auquel était associée aussi La Cinémathèque de Jean-Paul Gorce. C’est une longue histoire de partage.

Encore aujourd’hui la librairie existe au sein de ce théâtre…

Oui, la présence de la librairie dans ce théâtre a pris diverses formes au fil du temps, à l’origine il s’agissait d’un accueil de grand.e.s auteur.rice.s que je proposais et que le CDN acceptait : on a fait venir ainsi, devant des salles combles, Le Clézio, Michel Serres, Lanzmann, Léotard, Derrida, Paul Auster, Kertész, etc. Cette fidélité, installée dès l’origine, s’est poursuivie dans nos rapports avec ses co-directeurs suivants, Jacques Nichet et Richard Coconnier, férus de poésie. Aujourd’hui, la librairie existe toujours dans le hall, Galin Stoev et Stéphane Gil à leur tour font perdurer ce lien fort avec le livre, comme il existe aussi au théâtre Garonne ou au Théâtre Sorano.

Une ère nouvelle ?

Il me semble que le ThéâtredelaCité, par les choix qu’il fait actuellement, dans sa politique culturelle, dans son éthique, dans sa communication même, prend un peu ses distances par rapport à l’institution pour redevenir un théâtre de proximité. L’avoir rebaptisé est un acte qui le resitue formidablement « dans » la ville. C’est une dynamique qui se renouvelle à laquelle Ombres Blanches ne peut qu’être sensible car, pour moi, une librairie doit être associée à toutes les formes de productions artistiques. Je suis très heureux que ce lieu, comme notre librairie, reste un endroit de passage, ouvert aux gens, aux idées, où l’on vient chercher les programmes des lieux culturels de la ville. Cela entretient des échanges d’une grande richesse.