Monsieur, Madame comédien.neThéâtredelaCité

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Monsieur, Madame

Monsieur, Madame comédien.ne

Jouer et rien d’autre

Christelle Simonin et Angie Mercier font partie des sept comédiens de l’AtelierCité, auxquels s’ajoute, pour cette promotion 2020-2021, un metteur en scène. S’ils ont pu appréhender jusqu’à aujourd’hui les contours de l’art de l’acteur, ils entrent désormais de plain-pied dans un métier pour lequel ils ont autant d’attentes que d’inquiétudes, autant de convictions que de questionnements.

© Erik Damiano

« La catastrophe pour moi serait d’être un acteur raté ! »

« Moi pareil, autant faire un autre métier ! »

Angie Mercier et Christelle Simonin ont la vie devant eux. Une vie de comédiens… Pour cause, ils viennent d’intégrer la troupe éphémère de l’AtelierCité dans le cadre d’un accompagnement par le centre dramatique, pendant 15 mois. Le recrutement au printemps dernier, pendant le confinement, leur a laissé un souvenir enchanteur. « Pour une fois, on nous demandait de parler de nous, de nos goûts ; on s’intéressait à la personne que l’on est ! ». Les concours, tous deux les ont enchaînés depuis qu’ils ont décidé d’embrasser cette profession. Pour la chanteuse lyrique de formation, la révélation aura eu lieu à Montréal auprès du metteur en scène Jean-Paul Schneider. C’est décidé, elle veut parler, pleurer, rire. En un mot : jouer. Pour le Stéphanois, marionnettiste de père en fils, ce sera un passage formateur à l’ESNAM à Charleville-Mézières, puis à la Comédie de Saint-Etienne et enfin à l’ESAD à Paris. Mais aujourd’hui, ils ont plus que jamais envie d’action et de concret : travailler, monter sur scène, être engagés dans des tournées. Si Christelle Simonin estime que sa légitimité de comédienne passera par son premier cachet, Angie Mercier de son côté, envisage cette profession comme un athlète : « Il faut être prêt et disponible dans son corps pour aborder le métier d’acteur de façon simple et humble ». Le corps, cet outil merveilleux qui permet de comprendre ce qui se dit sur scène avant même le verbe. Le jeune homme aux traits féminins et cheveux relevés en chignon cite volontiers Clément Bondu quant à la relation de désir entre le public et l’acteur. « On ne peut pas être acteur si on est triste, il faut pouvoir donner de l’énergie !  C’est ça la vie de comédien ! » Pour Christelle Simonin, jouer nécessite d’avoir gardé son âme d’enfant. Raconter aux autres des histoires, créer des espaces d’imaginaire et de questionnement pour le spectateur, telle est la mission du comédien. « Faire rêver les spectateurs c’est déjà pas mal, mais si, en plus, on peut se faire le témoin du monde pour les autres, alors là, on touche au but. » Et quand on lui demande ce que signifie monter sur scène aujourd’hui, la réponse de la jeune comédienne ne se fait pas attendre : « C’est dire qui l’on est, parler pour autrui. Être soi et plus que soi-même ».

Les deux artistes qui aiment se chercher des points de contradiction dans cette joie enfantine de la joute, s’accordent toutefois sur la question du rapport au metteur en scène : Être dirigé dans la complicité est le grand plaisir du comédien. A condition de ne pas être dans la psychologie. « Un metteur en scène doit donner de la matière pour construire le paysage intérieur d’un personnage mais non vampiriser l’intimité d’un acteur. » Rien de plus enthousiasmant à leurs yeux que de plonger alors corps et âme dans l’univers d’un metteur en scène quand celui-ci est présent, entier, passionné par un texte. Selon Ariane Mnouchkine, « un comédien comme tout artiste, est un explorateur ». Des paroles qu’Angie Mercier et Christelle Simonin ont fait leurs, même si l’époque semble incertaine et pleine d’inconnue pour ces chercheurs en chemin… « J’ai foi en la vie, assure cependant Christelle, le regard bleu droit devant, on a tellement de chance d’être à l’AtelierCité. On est protégé ». Et Angie de conclure : « Ne pas être assuré de pouvoir jouer en ce moment en raison de la crise sanitaire, me créé justement de l’envie. Je ne suis pas dans la peur, mais dans le désir et la joie et ça, ça veut dire que je suis au bon endroit ». CQFD.