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Homo Sapiens

Ou quand nous en aurons marre de l’art du mamihlapinatapai *

À quoi pouvait ressembler le premier clown de toute l’histoire de l’Humanité ? Était-il grimé ? En quelle langue s’exprimait-il ? Avec quels gestes ? Ces questions passionnantes taraudent, depuis longtemps, l’artiste Caroline Obin. Ils∙elles sont sept artistes au plateau, sept clowns mu∙e∙s par une force poétique et sauvage. À la fois monstrueux∙euses et follement attachant∙e∙s, ils∙elles font rejaillir pour nous les premières étincelles, celles d’où naquirent assurément les premiers éclats de rire.

* Mot des Yagans, peuple de la Grande Île de Terre de feu. Il décrit un regard partagé entre deux personnes dont chacune espère que l’autre va prendre l’initiative de quelque chose, que les deux désirent, mais qu’aucune n’ose avouer. 

© Vincent Arbelet

ENTRETIEN AVEC CAROLINE OBIN, METTEUSE EN SCÈNE ET SCÉNOGRAPHE 

Comment l’idée de cette pièce vous est-elle venue ? 

L’histoire est née d’un travail collectif. Sur le plateau, à partir d’une trame, d’une intuition que j’avais par rapport aux clowns, les artistes ont beaucoup travaillé par improvisations. Peu à peu, une alchimie entre ces clowns a fait naître l’histoire que nous voyons sur scène. 

Pourquoi relier la figure du clown à l’homo sapiens ? 

L’homo sapiens, c’est nous, ce n’est pas l’homme préhistorique en soi. Nous sommes tous, encore, des homos sapiens, nous n’avons pas dépassé ce stade de l’évolution. Si on nous en parle, c’est pour comprendre ce qui nous relie toujours à cet homme préhistorique. Donc, l’homo sapiens, c’est à la fois l’homme préhistorique et l’homme contemporain. Et selon moi, le clown est le plus à même pour pouvoir exprimer le langage primitif de l’homme préhistorique, mais aussi les travers de l’homme contemporain. 

Comment avez-vous réalisé les costumes et maquillages ? 

Là aussi, l’esthétique est liée au travail collectif. Au départ, les maquillages sont faits sans miroir. L’idée est que chacun trouve comment se transformer pour aller vers l’authenticité. De la même manière, les costumières ont aidé les clowns à trouver le costume qui leur permettait de révéler la puissance de leur personnage. 

Quelle est la place de la musique dans le spectacle ? 

La musique est très présente. Elle accompagne les clowns qui s’expriment avec leurs corps, parfois elle les devance. Il y a toutes sortes de musiques : musique d’un rituel, musique romantique qui accompagne les émotions, musique cinématographique qui permet d’entrer dans le spectacle. Surtout, il y a le krump, une danse hyper expressive, qui permet d’exprimer et de canaliser la rage, la puissance de vie. Il y a un lien esthétique très fort entre le krump et le langage physique du clown. 

 
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