UNE MISE EN ABYME DES MAUX DE NOTRE ÉPOQUE
Hedda joue des effets d’écho entre les personnages du dramaturge norvégien et ceux d’une troupe contemporaine.
Hedda Gabler, pièce écrite en 1890, est l’une des oeuvres les plus célèbres d’Henrik Ibsen, qui met en scène une jeune femme saisie par le doute lors-que, à la veille de son mariage, elle retrouve un ancien amant métamorphosé par le temps.
Dans le spectacle Hedda, un siècle plus tard, une compagnie entreprend de monter la pièce phare de l’auteur scandinave. Nous sommes alors immergé∙e∙s dans les derniers jours de répétition de cette pièce. L’avancée du travail fait affleurer en elle des souvenirs, de plus en plus obsédants, de sa soeur Esther, jeune actrice disparue une quinzaine d’années auparavant. Le spectacle démultiplie dès lors les effets de miroir entre passé et présent, art et réalité. Grâce aux jeux de la scénographie et de la vidéo, nous sommes à la fois dans les loges d’un théâtre et sur le plateau, ou encore dans la maison de famille où cette histoire prend sa source… Ces allers-retours dans l’espace et dans le temps sont autant de manières d’interpeller la célèbre pièce d’Ibsen.
UNE DÉCONSTRUCTION DES MODÈLES MASCULINS
L’objet de la mise en abyme de ce classique est de montrer toute la différence qui existe entre la violence que subissent les femmes dans le monde réel et la façon dont elle a été idéalisée à travers les monuments culturels érigés par nos pères fondateurs. Aurore Fattier questionne : de quoi ces classiques sont-ils le nom ? Peut-on être femme et artiste ? Comment continuer d’incarner et de perpétuer la violence faite aux femmes lorsqu’on porte la vie en soi ? Comment hériter de nos modèles culturels masculins écrasants, comment les déconstruire, s’en libérer tant d’un point de vue intime qu’artistique ? À découvrir pour trouver nos propres réponses.
Un fascinant mélange de genres, d’époques, de visions, porté par une équipe de comédiennes et comédiens formidables. […] D’une incroyable richesse dramaturgique, la pièce aborde une multitude de questions offrant ainsi aux comédiens une formidable machine à jouer.
Le Soir
[Une] forme hors normes, avec son décor coulissant, son grand écran, ses coulisses et sa scène cachée mais filmées. Le cinéma s’invite ici. […] L’alliage d’une dramaturgie complexe et d’une machinerie imposante aboutit à un objet étonnamment sobre, lisible, digeste, sans pour autant diluer les aspérités qui le constituant et qui font sa force.
La Libre