Portraits d’artistes – Compagnie Baro d’evelThéâtredelaCité

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Portraits d’artistes – Compagnie Baro d’evel

Quelle meilleure façon d’appréhender la création d’un∙e artiste que d’avoir le temps de se familiariser avec son univers ? Ces artistes-compagnons qui viennent à votre rencontre avec plusieurs propositions — de la médiation à l’installation et aux spectacles, nous les avons choisi∙e∙s pour la singularité des pistes qu’ils∙elles ouvrent dans le théâtre d’aujourd’hui. La diversité de leurs projets se reflète déjà dans les brefs portraits qui suivent : chacun∙e est une amorce, un visage, un fragment d’intention pour vous donner l’envie de les découvrir et, surtout, d’approfondir l’expérience avec eux et elles tout au long de la saison.

CAMILLE DECOURTYE
& BLAÏ MATEU TRIAS
Auteur∙rice∙s, metteur∙se∙s en scène et interprètes
Compagnie Baro d’evel

© François Passerini

« Mettre en valeur ce qui nous relie »

La compagnie Baro d’evel a été créée par Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias tous deux issus des arts du cirque et interprètes passionnés d’un art qu’ils cherchent inlassablement à rendre « total » : acrobatie, danse, chant, jeu, travail sur la matière, le son et la musique. Leurs spectacles s’arriment à toutes les disciplines et mettent en jeu des équipes venues de tous horizons où chacun met au pot commun son savoir-faire, ses questionnements et la singularité de son regard. Dans cette grande « marmite de création » comme ils la qualifient, ce qui prime outre une esthétique immédiatement identifiable, c’est l’attention fondamentale à « ce qui nous relie ». Ils reviennent au ThéâtredelaCité en ouverture de saison avec Falaise, une porte d’entrée essentielle dans un univers qu’on pourra découvrir sous d’autres formes cette saison.

ANIMAUX ET HUMAINS,
ENSEMBLE AU CŒUR DES PROJETS

On avait découvert à Toulouse, premier opus inspiré par le corbeau-pie Gus, animal compagnon qu’on avait envie de suivre où qu’il aille, voletant dans la dualité d’un monde où la noirceur salissait par trouées la blancheur du décor : le noir et blanc s’affirmait dès lors plastiquement et artistiquement comme une signature toute en puissance et en mystère. Falaise a pris la suite de , sorte de carte à gratter inversée où le blanc surgissait du noir cette fois. Cheval, pigeons rejoignaient le corbeau tandis que le duo de bipèdes se faisait collectif affairé et nombreux. « Les animaux nous obligent à garder en nous toujours ouverte la question du mystère de l’autre » dit magnifiquement Camille Decourtye. « Falaise marque pour nous la fin d’un cycle et le début d’un autre. Le spectacle a pris de la maturité entre sa création et maintenant. Avant Falaise, on faisait des spectacles sous chapiteau et, pour ce spectacle, on a dû voir plus grand, concevoir l’espace du plateau comme un agrès, un nouveau terrain de jeu pouvant accueillir une équipe nombreuse et davantage de complexité. Revenir jouer un peu comme à la maison, dans ce théâtre avec lequel on a un lien de proximité et avec ce spectacle fondateur, nous aide à déployer la suite ». Coproduit et accueilli en résidence, Falaise jouera donc deux semaines complètes en octobre « pour permettre au public toulousain, rajoute-t-elle, de revenir et de faire jouer le bouche à oreille. On est heureux de célébrer ça ensemble, avec ce théâtre et cette pièce, et de voir comment elle va déborder ensuite d’une certaine manière dans tout le lieu ».

DE FALAISE À LEUR NOUVELLE CRÉATION

En marge de Falaise, la compagnie va en effet investir le ThéâtredelaCité, le hall et ses espaces : « on va créer une fresque fraîche au blanc de Meudon et observer comment Falaise transforme le théâtre, comment la poésie du spectacle déborde et comment, de la même manière qu’une pièce crée d’autres pièces, il y a quelque chose à chaque étape de notre travail, qui se répond, qui se répand. On a l’obsession grandissante de faire en sorte qu’on ne puisse jamais trop savoir quand ça commence et quand ça finit ». C’est le même phénomène de continuité des formes et des questionnements qui est à l’œuvre dans la nouvelle création coproduite et accueillie en résidence en mai et juin prochains : Qui som? (« Qui sommes-nous ? » en catalan). On la découvrira ensuite au ThéâtredelaCité la saison suivante en décembre 2024. Elle s’annonce comme la première partie d’un ambitieux triptyque avec une équipe encore plus vaste qui poursuit avec insistance sa quête de sens dans un monde pétri d’incertitudes et de doutes. En gestation, les volets suivants Qui sóc? (Qui suis-je ?) et On som? (Où sommes-nous ?) s’inscriront également dans cette envie fondamentale qu’a Baro d’evel de retrouver du commun à travers l’art et la beauté, « retrouver ce à quoi on tient, au sens de ce qui nous rassemble ». En parallèle à ce travail de création à venir, la compagnie mènera également un travail d’ancrage très concret destiné aux personnes fragilisées par la vie, en partenariat avec le centre hospitalier Gérard Marchant sous forme d’ateliers « corps, voix, rythme ». Traverser l’instabilité du monde, mettre l’art au cœur de la vraie vie, c’est aussi s’aider les uns les autres à rester debout.

 
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