Portraits d’artistes – Laëtitia GuédonThéâtredelaCité

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Portraits d’artistes – Laëtitia Guédon

Quelle meilleure façon d’appréhender la création d’un∙e artiste que d’avoir le temps de se familiariser avec son univers ? Ces artistes-compagnons qui viennent à votre rencontre avec plusieurs propositions — de la médiation à l’installation et aux spectacles, nous les avons choisi∙e∙s pour la singularité des pistes qu’ils∙elles ouvrent dans le théâtre d’aujourd’hui. La diversité de leurs projets se reflète déjà dans les brefs portraits qui suivent : chacun∙e est une amorce, un visage, un fragment d’intention pour vous donner l’envie de les découvrir et, surtout, d’approfondir l’expérience avec eux et elles tout au long de la saison.

LAËTITIA GUÉDON
Metteuse en scène et interprète
Compagnie 0,10

© Ingrid Mareski

Elle dit dans un sourire confiant que « la vie est faite de cycles, de recommencements » et que la fin du monde annoncée dans son spectacle n’est pas forcément une catastrophe : Laëtitia Guédon a l’énergie communicative et un optimisme généreux forgé au fil des projets qu’elle met en place avec la compagnie 0,10 qu’elle a fondée en 2006. À la tête de la fabrique artistique des Plateaux Sauvages à Paris, elle s’est vue confier une création avec la nouvelle troupe des jeunes comé-dien∙ne∙s de l’AtelierCité. Pour elles∙eux, elle a passé une commande d’écriture au romancier Laurent Gaudé : Même si le monde meurt est le fruit de cette collaboration et de ces regards croisés sur des enjeux intergénérationnels et universels.

UN ENGAGEMENT  RÉCIPROQUE ET UNE ADÉQUATION  DES AXES DE TRAVAIL 

Elle est la marraine de la Troupe éphémère du ThéâtredelaCité depuis juin 2022 et, depuis lors, elle partage en prise directe avec ces comédien∙ne∙s les étapes professionnelles tout autant que les questions existentielles que génère le projet : « Cette rencontre avec eux, que m’a offerte le ThéâtredelaCité, est un vrai cadeau car ce sont des acteurs qui partent maintenant à la rencontre de leur métier – ils sont l’avenir – mais que j’ai eu la chance d’accompagner dans toutes les phases de leur parcours depuis leur toute première sélection avec Galin Stoev et Caroline Chausson ». Le projet a impliqué la metteuse en scène, l’auteur et les huit comédien∙ne∙s dans une collaboration étroite faite de moments de recherches, de lectures, de débats et de confrontation, de rires (aussi), jusqu’à la création au mois de juin dernier pour deux représentations au Printemps des Comédiens à Montpellier. La pièce est accueillie au CUB cet automne pour dix jours de représentations, avant d’entamer une tournée nationale. Le projet s’inscrit donc à tous égards dans la mission de transmission et de professionnalisation du CDN qu’est le ThéâtredelaCité, mais il rejoint également la façon de travailler de la metteuse en scène qui fait toujours appel à un auteur contemporain pour une commande de texte avant chaque création : « Je n’utilise pas de textes de répertoire, dit-elle, je collabore dès la naissance du projet avec quelqu’un qui va écrire. C’est formidable de travailler avec des auteurs désireux de confronter leur écriture, dans ce qu’elle a de plus vulnérable, avec l’imaginaire d’un metteur en scène. » 

UNE ESTHÉTIQUE « INDISCIPLINÉE » 

Le projet est aussi une occasion pour le public toulousain de découvrir l’esthétique métissée de Laëtitia Guédon. En recherche permanente de « porosité » des arts au plateau, l’artiste organise une rencontre permanente entre le texte, la parole, l’oralité et les autres médias que sont le corps, le chant, la musique, la lumière, la vidéo, etc. « Mon envie est de mettre en résonnance toutes ces disciplines pour qu’elles vibrent ensemble et provoquent la possibilité d’une étincelle, quelque chose de plus grand que nous, la poésie peut-être ». Et puis, « faire se rencontrer nos différences au plateau, ça commence aussi par devoir se connaître et s’écouter », rajoute-t-elle. La création a en effet trouvé son prolongement dans un projet de transmission artistique et de partage du processus créatif mené avec des publics très divers de l’agglomération toulousaine au fil des mois. Les comédien∙ne∙s sont allé∙e∙s à la rencontre de jeunes et de moins jeunes, au lycée Stéphane Hessel, à l’université Jean Jaurès, à l’hôpital Marchant, à l’association Espoir 31. De ces moments privilégiés sont nées des productions photographiques, sonores et écrites rassemblées sous le titre « Et pourquoi pas la fin ? ». Elles seront exposées en préambule à l’entrée du CUB les soirs de représentation. N’ayant pas peur de regarder en face les thématiques que soulève le projet, « la mort, la fin, nos renoncements, nos recommencements » conclut Laëtitia Guédon, elles célèbrent surtout « la force de notre résilience en tant qu’êtres humains et notre soif de vivre. On vit tous des petites morts, des déceptions, des deuils, mais encore plus que la question de la fin, j’ai envie que l’on explore les choses sous le signe de leur commencement. Comment pour chacun de nous, à son échelle, la fin signifie souvent le début d’autre chose. C’est un spectacle sur la puissance de la vie ». 

Projets présentés durant la saison

 
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