UN JOYEUX TRIPTYQUEThéâtredelaCité

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UN JOYEUX TRIPTYQUE

Phèdre !/Giselle…/Carmen.

Elles sont « femmes, amoureuses et ont en commun de partager un destin funeste » : vu sous cet angle les héroïnes de la trilogie que met en scène François Gremaud ont effectivement du souci à se faire. Phèdre (théâtre), Giselle (ballet) et Carmen (opéra) ont pourtant une place de choix dans notre imaginaire collectif, mais sont justement parfois toutes empoussiérées sous les attendus qu’on leur colle à la peau. Une Phèdre engoncée dans son inévitable désir tragique, une Giselle asphyxiée par un romantisme éthéré et une Carmen victime des hommes, c’est souvent ainsi qu’à tort on les résume.
Alors, pour tenter de libérer-délivrer nos héroïnes des clichés, nous avons donné l’occasion à chacun∙e de leurs interprètes de les faire parler. Et d’en parler eux ∙elles-mêmes Et de parler d’eux ∙elles-mêmes. Le fil conducteur du dialogue prenant les traits d’un drôle de portrait chinois…

FRançois gremaud

Auteur, metteur en scène et interprète

C’est avec une version joyeuse de Phèdre ! qu’on l’a découvert à Toulouse. Garder la musicalité classique de la prose racinienne tout en la perfusant d’humour : François Gremaud aime broder pour la scène des petites formes singulières qui allient exigence et malice. À la fois auteur, metteur en scène et comédien, l’homme est suisse, formé en Belgique avant de fonder la 2b company en 2005. Il tourne aujourd’hui partout, principalement en Europe. Ciselées jusqu’au détail mais résolument libres, cultivant les entrées multiples, ses créations démontrent sa maîtrise de l’horlogerie fine du langage tout autant que sa générosité à partager des histoires. Après Phèdre ! et Giselle…, emblématiques amoureuses du théâtre et du ballet classiques, il a réécrit cette fois la partition de Carmen. tout spécialement pour la voix de l’oiseau de bohème qu’est Rosemary Standley (chanteuse célèbre du groupe Moriarty). Un portrait d’opéra coproduit par le ThéâtredelaCité qui boucle la trilogie de ces « femmes racontées ».

Lausanne, 11 novembre 2019. François Gremaud, acteur et metteur en scène suisse. © Niels Ackermann / Lundi13

ALLER SANS SAVOIR OÙ

TENTATIVE DE DESCRIPTION
DE MODE OPÉRATOIRE

Sur trois temps de la saison, en miroir de chacun des volets de la trilogie Phèdre !, Gisèle… et Carmen. qu’il met en scène, François Gremaud se fait lui-même comédien le temps d’une conférence-spectacle. Intitulée Aller sans savoir où, elle ouvre une petite lucarne sur sa façon très personnelle de concevoir et de « fabriquer » du théâtre. L’affaire, sérieuse sur le fond, prend les allures joyeuses d’un making-of à la fois érudit et décalé où règnent en maîtres l’art de la digression savante et une loufoquerie douce qui se révèle rapidement plus philosophique qu’il n’y paraît. Le titre le suggère : François Gremaud crée en cheminant et nous invite à lui emboîter le pas sans crainte de nous perdre. En acceptant de laisser là toute attente préconçue pour se laisser gagner par la joie et l’étonnement.

© Bertrand Cottet – Strates
 
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