CARMEN.ThéâtredelaCité

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CARMEN.

Elles sont « femmes, amoureuses et ont en commun de partager un destin funeste » : vu sous cet angle les héroïnes de la trilogie que met en scène François Gremaud ont effectivement du souci à se faire. Phèdre (théâtre), Giselle (ballet) et Carmen (opéra) ont pourtant une place de choix dans notre imaginaire collectif, mais sont justement parfois toutes empoussiérées sous les attendus qu’on leur colle à la peau. Une Phèdre engoncée dans son inévitable désir tragique, une Giselle asphyxiée par un romantisme éthéré et une Carmen victime des hommes, c’est souvent ainsi qu’à tort on les résume.
Alors, pour tenter de libérer-délivrer nos héroïnes des clichés, nous avons donné l’occasion à chacun∙e de leurs interprètes de les faire parler. Et d’en parler eux ∙elles-mêmes Et de parler d’eux ∙elles-mêmes. Le fil conducteur du dialogue prenant les traits d’un drôle de portrait chinois…

© Dorothée Thébert Filliger

ROSEMARY STANDLEY
E(S)T CARMEN

Si Carmen était un signe de ponctuation
Rosemary Standley : Spontanément pour Carmen, j’aurais pensé d’abord au point d’exclamation. Car c’est un personnage très affirmé. Qui a de la violence en elle. Qui sait où elle va. Qui trace sa route. Mais dans le traité de ponctuation de Jacques Drillon, il explique que le point final est un signe d’affirmation. Et que, quand il est mis après une phrase courte, le point provoque. Donc de ce point de vue là, le point final après le titre, outre qu’il met un terme logiquement à la trilogie, donne ce qu’il faut d’affirmation et d’humour à Carmen.

Si vous-même étiez un signe de ponctuation
Je suis plutôt quelqu’un qui est dans le doute en général, donc j’hésiterais entre le point d’interrogation et la virgule. Entre les questions que je me pose à moi-même et le fait que la virgule appelle toujours une suite.

Si Carmen était un vêtement
Bien sûr, quand on pense à Carmen, on a de nombreuses images toutes faites qui viennent en tête. Des robes, la couleur rouge, le cliché qu’on colle sur ce personnage. Mais, pour moi, Carmen n’est pas forcément très définie par ses vêtements. Sinon ce serait un pantalon, un décolleté ou un collant troué. Surtout si on se souvient du contexte dans lequel le livret a été écrit et l’opéra créé : une femme comme Carmen était considérée comme un être provocant. Elle agit comme un homme, elle attire les hommes et les traite comme eux-mêmes traitent les femmes.

Si vous étiez un vêtement
Sur scène, je porte une combi noire. On a discuté du costume avec le metteur en scène, l’idée était que le costume puisse suggérer tous les rôles car je joue Carmen, mais aussi les hommes qui l’entourent. Je trouve que c’est un bon choix. La mise en scène a quelque chose de solaire, de lumineux même si on alterne les ambiances entre le plein soleil de la passion et les scènes nocturnes.

François Gremaud : Pour les vêtements, comme pour le décor qui est commun aux trois spectacles, j’avais envie de ce que les interprètes avaient envie de porter. Et que cela ressemble à qui ils sont. Tout en restant suffisamment neutre pour demander au public les efforts d’imagination nécessaires à la mise en abyme. On assiste à trois conférences, guidées par trois conférencier∙ère∙s passionné∙e∙s par leur sujet. Le décor est couleur sable, c’est comme une grande feuille de papier, couleur « Gallimard » (rires). Un beau papier sur lequel chacun, le public et l’interprète, peut faire son geste créateur. Mon objectif étant à la fin de maintenir l’harmonie entre les trois volets, l’évidence de la lecture et, autant que possible, une élégance absolue.

© Dorothée Thébert Filliger

L A P R E S S E E N P A R L E

Elle [Rosemary Standley] qui, dans ce one woman show escorté par cinq musiciennes de choc prête aussi bien sa voix à Carmen qu’à son amoureux le brigadier don José ou au toréador don Escamillo. Elle qui harangue la salle avec un humour plein de tendresse. Elle qui sait jouer la carte de la présence authentique autant que celle du chant spectaculaire. Elle qui a inventé un concept d’autant plus salutaire qu’il n’est pas militant : la Carmen féminine-et-drôle-en-pantalon.
Judith Sibony, Coup de théâtre sur lemonde.fr

Du bout des doigts, d’une seule voix, la sublime comédienne et chanteuse Rosemary Standley incarne tout un opéra qui est mis en abîme dans un spectacle innovant. Carmen. avec un point signe tout le génie créateur de Gremaud qui parvient une fois de plus à faire revivre avec force et caractère une nouvelle figure féminine tragique et inoubliable qui suscite encore notre admiration.
Stéphanie de Montchalin, lagrandeparade.com

CARMEN., JOYAU DE BOHÊME
De digressions en morceaux de bravoure, la soprano Rosemary Standley interprète le chef d’œuvre de Bizet seule en scène. Un tour de force orchestré par le metteur en scène François Gremaud. Anne Diatkine, Libération

Totalement embarqué par cet impromptu musical qui met en lumière l’être libre qu’est Carmen, le public se lève, applaudit à tout rompre et fredonne avec une joie communicative.
LA FRAÎCHEUR DE CE CARMEN.
FAIT UN BIEN FOU.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore, L’Œil d’Olivier

 
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