Cher∙ère∙s complices, cher∙ère∙s amateur∙rice∙s de théâtre,
Voici notre journal du printemps rempli de propositions qui vont faire fondre la glace et chasser « l’hiver du mécontentement », comme le dit un personnage shakespearien. Traditionnellement, le printemps représente l’innovation, il introduit les forces de la vie et il réveille l’énergie créatrice. Chez nous au théâtre, ce printemps sera au féminin car il se traduit par un éventail de personnages de femmes fortes et libres : Giselle, Carmen, Antigone, Cendrillon… Une vraie palette de réinterprétations qui nous entraînent avec les chants anciens, d’une maman qui tente de transmettre à sa fille ses origines à l’histoire du Petit Chaperon rouge qui nous parle de courage et de liberté, à un procès dont les juges et l’accusée ne seront que des femmes. Les chorégraphes sont au rendez-vous eux aussi en suivant les mouvements de skaters ou bien en réinventant le néoclassicisme, on traversera un roman fleuve comme si c’était une comédie musicale, on vous parlera de l’humain et du puzzle qu’il crée à partir de ses joies, de ses illusions et de ses amours. Alors suivez-nous car ce printemps s’avère audacieux et prometteur !
ÉVÉNEMENT À TOULOUSE
Le procès de Poutine post guerre en Ukraine. Une pièce subversive, aussi audacieuse qu’ironique.
Le procès de Poutine post guerre en Ukraine. Une pièce subversive, aussi audacieuse qu’ironique.
Bienvenue à la frontière entre notre quotidien et un monde invisible qui garde nos secrets, nos rêves et nos espoirs. Sur cette même frontière se trouve le théâtre. Sur cette ligne fine se déploie le jeu théâtral qui révèle des passions exceptionnelles et une poésie qui enchante le banal.
Bienvenue à la frontière entre notre quotidien et un monde invisible qui garde nos secrets, nos rêves et nos espoirs. Sur cette même frontière se trouve le théâtre. Sur cette ligne fine se déploie le jeu théâtral qui révèle des passions exceptionnelles et une poésie qui enchante le banal.
Ce livre des folies est un concentré de fantaisies, d’inventivités et d’engagements. Ici et tout au long de l’année, les artistes nous offrent une grande bouffée d’air, pour éclairer notre monde et rallumer les étoiles*.
Chers spectateurs, chères spectatrices,
Aujourd’hui, nous avons souvent l’impression que la réalité concurrence la fiction. Une guerre en direct sur nos écrans est toujours plus impressionnante qu’une représentation théâtrale ; la politique sur la scène mondiale, même souvent dépourvue de qualités artistiques, nous paraît plus palpable que ses avatars scéniques. Et pourtant on revient au théâtre comme à un refuge, parce que le théâtre nous propose des expériences en dehors de la zone de danger. Et aussi parce qu’il reste un des seuls endroits où on peut pleinement descendre dans les ténèbres pour s’élever jusqu’aux rêves et aux idéaux qui animent autrui. Après une belle représentation, on a l’impression d’avoir comme pénétré le secret de l’être humain, en d’autres termes, on peut expérimenter une histoire dans son intégralité et dans sa consistance. De la part du spectateur, cela requiert du temps volontairement accordé au spectacle mais aussi l’envie de partager le même espace-temps avec ses pareils. Et en effet cela nécessite un coup de frein à la réalité pour mieux l’appréhender. La fiction, c’est un moyen d’arrêter le temps et le bruit du dehors.
Ce journal est celui d’Ariane Mnouchkine. Vous trouverez au fil de ces pages ses propos, ses témoignages, ses réflexions sur l’art et sur le monde, tout ce qui l’a menée un jour à créer L’Île d’Or. Nous avons souhaité que ces quelques feuillets vous donnent à vivre et à rêver la grande utopie théâtrale que la cheffe de troupe du Théâtre du Soleil cultive depuis près de soixante ans.
Dans les deux décennies qui viennent de s’écouler, nous avons été les témoins d’une démocratisation de l’espace virtuel jamais vue auparavant. À travers l’existence des réseaux sociaux, chacun∙e a pu faire l’acquisition d’une plateforme de représentation. Ce privilège nous a obligés à inventer notre propre image pour le monde. Ainsi nous sommes devenus à la fois l’auteur et l’objet de notre propre représentation. Bienvenue donc dans le monde de la performance !
En effet, depuis leur émergence, les stratégies performatives ont pour objectif de déstabiliser le spectateur∙rice à travers la provocation pour le∙la faire sortir de son mode habituel de perception. Montrer la nudité, la fragilité de la matière est une arme bien connue dans l’univers de la Performance. Mais aujourd’hui cette arme nous paraît de plus en plus obsolète, surtout quand la matière et les émotions sont exposées sans gêne dans le monde virtuel. Comme si l’intimité était devenue une simple posture, une « attitude » comme on dit en anglais. Et il devient très difficile de se sentir authentique dans une logique guidée par l’exhibitionnisme. L’expérience théâtrale, elle, reste toujours marquée par une rencontre entre des gens vivants (et non virtuels) et cela cache une possibilité d’authenticité sans pareille. Elle n’est jamais acquise, les artistes la cherchent sans cesse et cela devient un processus. Jamais une finalité. Si l’avant-gardisme dans l’art résidait dans la révélation de l’intime, aujourd’hui, cette nouvelle intimité devrait se chercher un peu moins dans le monde spectaculaire des médias, des réseaux sociaux et des séries, et un peu plus dans la rencontre en temps réel (qui s’oppose à ces ersatz de vie.)
Je vous remercie pour votre fidélité et je vous souhaite des moments d’émerveillement dans cette quête d’une intimité proactive.
Tout semble revenir à un rythme normal, et en même temps, beaucoup de choses ont changé, beaucoup de postures et d’idées sont en train d’évoluer. Je suis persuadé que l’étonnement du public pour l’art de la scène est toujours
vivant et palpable. Je sais que les artistes cherchent déjà à comprendre ce que nous traversons et à explorer à travers des formes variées de multiples facettes de notre expérience
commune. Le théâtre a cette force de créer des communautés éphémères habitant des réalités parallèles pour un moment, et pour nous aider à comprendre notre propre réalité en la projetant dans une perspective plus vaste. Pour y arriver, le théâtre mélange des histoires vraies et des fictions, des faits divers et des rêves, traditions et innovations. L’envie de partager tout cela avec vous est toujours présente et les artistes travaillent pour extraire de la poésie là où les autres ne voient que la banalité du quotidien. Suivons ensemble leur élan en savourant les différents univers artistiques cachés au fil des pages de notre journal.
À quoi sert un théâtre fermé ou un théâtre qui ne peut plus recevoir de public ? On peut vite dire, à rien. Sauf si on décide de le transformer en un champ de recherche où les artistes privés de public peuvent poursuivre leurs idées les plus osées (tels Alice à la poursuite du lapin blanc), sans obligation de produire un résultat dans l’immédiat. Pour ma part le seul endroit où j’ai pu fonctionner et respirer librement ces derniers mois a été ces périodes de laboratoire consacrées à des projet de création ou à des questionnements propres à notre métier. Le laboratoire est devenu l’endroit où l’arrêt imposé a la chance de se transformer en un temps d’introspection qui, a posteriori, va se révéler comme la période qui aura été la plus riche du point de vue créatif.