Insoutenables longues étreintes
Représentations
Distribution
Production
ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie
Coproduction
La Colline – théâtre national, Théâtre de Liège, DC&J Création avec le soutien du Tax Shelter du Gouvernement fédéral de Belgique et de Inver Tax Shelter
Le texte a bénéficié du soutien de la Maison Antoine Vitez en 2016 pour sa traduction.
Ce spectacle a reçu le Prix de la critique – Prix Georges-Lerminier / meilleur spectacle théâtral créé en province en 2019
Pour la création d’Insoutenables longues étreintes, l’équipe artistique est accueillie en résidence au ThéâtredelaCité pendant 7 semaines.
Création au CUB / ThéâtredelaCité
Déconseillé aux moins de 16 ans
Informations
Téléchargements
Résumé
L’histoire commence à New York où Monica, Charlie, Amy et Christophe, quatre jeunes gens solitaires viennent à se croiser. Aliénés par le mode de vie moderne, « accros » à une jouissance qui rime avec claustrophobie et alimente un sentiment d’échec de plus en plus grand, ils vont être amenés à redéfinir radicalement les paramètres de leur liberté.
Je lis cette histoire comme un voyage initiatique au cours duquel, pour accéder à la lumière, il faut d’abord descendre dans les ténèbres les plus profondes et même traverser la mort.
C’est une quête effrénée du plaisir à tout prix, une recherche d’intensité par le sexe, la drogue, la violence mais qui dévoile surtout une désorientation et une perte de repères. Tout cela, avec le désir profond de trouver du sens, de l’amour et de la liberté. C’est un voyage qui, avec humour, tendresse et poésie nous renvoie à nos propres questions sans réponse.
Galin Stoev
Le théâtre m’a sauvé d’une carrière de criminel pour une seule et bonne raison : le banditisme et le théâtre ont deux choses en commun : le romantisme et l’escroquerie !
Ivan Viripaev
En quelques mots…
Extrait
MONICA. – C’est une étreinte. Étreins-moi.
CHRISTOPHE. – Mais je ne sais pas comment faire.
MONICA. – C’est juste que tu n’as jamais essayé. Tu as toujours été focalisé sur le résultat, tu penses à l’orgasme. Mais le vrai plaisir est ici, Christophe : est-ce que tu le sens ?
CHRISTOPHE. – Oh mon Dieu, c’est presqu’insoutenable !
MONICA. – Parce que c’est le plaisir qui ne commence ni ne finit jamais. C’est la véritable vie, Christophe. Étreins-moi.
CHRISTOPHE. – À ce moment-là, Christophe s’effondre en sanglot. Putain, qu’est-ce qui m’arrive ?!
MONICA. – Ce qui se passe maintenant est l’événement le plus important de l’univers : la vie rencontre la vie.
CHRISTOPHE. – Je suis vivant, murmure Christophe, et il se met à pleurer. Je suis vivant, murmure Christophe, et il sourit. Je suis vivant, murmure Christophe, et il pleure. Je suis vivant, murmure Christophe, et il sourit. Je suis vivant, murmure Christophe, et le serpent noir se transforme en un « Mon Dieu, je ne savais pas qu’il y avait une telle tendresse en moi ». Et voilà qu’à l’intérieur de Christophe, il n’y a plus de serpent noir, mais seulement un : « Mon Dieu, je ne savais pas qu’il y avait une telle tendresse en moi ». Et là, des millions de cellules de Christophe volent vers des millions de cellules de Monica, et maintenant, elles se rejoignent les unes les autres dans d’insoutenablement longues étreintes. Mon Dieu, je ne savais pas qu’il y avait une telle tendresse en moi, Monica, murmure Christophe.
MONICA. – Je te rencontre, tu me rencontres. Ma tendresse rencontre la tienne, et l’univers s’élargit.
CHRISTOPHE. – C’est dingue !
Galin Stoev la [dernière pièce de Viripaev] met en scène avec maîtrise et subtilité
Photos
Interview
Ça bouillonne vraiment, parce que les équipes artistiques, techniques et administratives n’ont jamais arrêté. Ça veut dire qu’il y a des répétitions, il y a des recherches, il y a des créations qui sont jouées devant des professionnel.le.s en jauge réduite et il y a surtout des projets audiovisuels qui sont en train de se réaliser.
Ça veut dire créer des objets audiovisuels liés au spectacle vivant. Je n’aurais pas la prétention de réinventer le théâtre mais je pense qu’on est obligé, vu les circonstances, de réinventer notre lien avec le public. On ne peut pas mettre le théâtre en ligne entièrement, parce qu’on perdrait sa notion principale, c’est à dire partager le même espace-temps en vrai, en présentiel physique, émotionnel, psychique, tous ensemble.
Alors la question se pose, comment intégrer l’audiovisuel ? Sans forcément faire des captations, qui ne sont jamais aussi intéressantes qu’un spectacle en live. Est-ce qu’on peut partir d’une expérience de spectacle vivant et à partir de cette expérience, créer un objet audiovisuel qui n’est pas une captation ?
Ce n’est pas du théâtre filmé, ce n’est pas un film non plus ! Parce que ce n’est pas le budget, ce n’est pas le cadre, ce ne sont pas les moyens, du tout ! C’est une forme hybride, ni l’un ni l’autre.
Insoutenables longues étreintes, c’est un texte contemporain. Projet qui part d’un spectacle déjà existant. Nous avons commencé avec l’idée de créer une sorte d’objet expérimental à partir de cette pièce. On avait les comédien.ne.s en présentiel parce qu’on avait ces deux semaines d’exploitation annulées au dernier moment. Les comédien.ne.s étaient là, rémunéré.e.s, le décor était déjà mis en place, les technicien.ne.s étaient là !
Je me suis dit, je dispose de tous ces éléments devant moi. Il y avait un élément extrêmement important : il n’y avait pas de public ! Avec cette absence et cette présence, on a décidé de faire une mini-série à partir du texte.
On a coupé pas mal le texte, mais la structure et l’histoire restent les mêmes. Il y a les comédien.ne.s qui ont joué la pièce, qui connaissent très bien la matière, qui savent ce qu’ils.elles jouent mais ils.elles ont dû se déplacer complètement dans leur tête parce que cette fois-ci, ils.elles ne jouent pas devant une salle pleine, ils.elles ne s’adressent pas à un.e spectateur.rice qui est au dernier rang. Ils.elles envoient leur énergie différemment, ils.elles doivent jouer différemment. Ils.elles doivent modifier pas mal de choses parce qu’ils.elles jouent de manière assez intimiste avec la caméra.
On a le décor mais on ne le filme presque jamais d’une manière frontale ; c’est-à-dire du point de vue d’un.e spectateur.rice dans un théâtre. Non ! En fait la caméra va dans les coins, montre des choses qu’un.e spectateur.rice dans une salle de théâtre ne peut jamais voir. Cela devient donc une expérience théâtrale, mais pas tout à fait, parce que nous sommes beaucoup plus proche des comédien.ne.s, on les suit de près. Il y a un lien beaucoup plus intime qui s’installe.
Moi-même en tant que metteur en scène, j’ai dû changer. J’ai dû devenir un peu réalisateur et là, les modalités sont différentes, l’énergie est différente, la technologie, la production sont différentes aussi. Chacun.e a dû se déplacer légèrement dans ses habitudes. Cela a également été le cas pour l’équipe technique du théâtre, qui a dû travailler en étroite collaboration avec les jeunes de l’ENSAV, l’École Nationale Supérieure d’Audiovisuel de Toulouse. On a fait appel à ces jeunes élèves qui sont en train de terminer leurs études et qui depuis un an sont eux.elles-aussi en souffrance. Ils.elles ont eux.elles-mêmes dû travailler en étroite collaboration avec les technicien.ne.s d’ici ; c’est-à-dire les technicien.ne.s du théâtre qui ont créé ce spectacle, qui ont créé la lumière, qui ont créé l’univers sonore du spectacle. Et ce mix improbable a donné quelque chose d’extrêmement intéressant.
Normalement les équipes de cinéma et les équipes de théâtre se méfient l’une de l’autre ; comme si on faisait quelque chose de complètement différent et de très éloigné. Ici, la rencontre s’est faite sur un autre plan. On est tou.te.s en difficulté, on ne peut pas jouer. Le théâtre est vraiment en péril avec ce qui se passe, le cinéma aussi. Est-ce qu’on peut inventer un autre lieu, un autre plan, un autre champ de rencontre, au-delà de nos différences qui font que nous sommes normalement en opposition ?
Là, on est tou.te.s dans le même bateau et on essaye de résister à une situation désastreuse et de sortir ensemble un objet qui est beaucoup plus grand que chacun.e de nous séparément.
Interview diffusée dans la matinale de France Culture le 25 mars 2021.
Pour aller plus loin...
Insoutenables longues étreintes c’est « un coup d’énergie, qui frappe » des personnages qui n’y sont pas préparés, sans crier gare.
Texte
Insoutenables longues étreintes, un futur rendez-vous en 6 épisodes !
Le théâtre est fermé au public, mais la vie du théâtre continue dans toutes les salles. Les acteur.rice.s sont réuni.e.s pour Insoutenables longues étreintes, mais ne peuvent pas jouer devant le public… Pourtant l’envie est là ! L’occasion de mener une expérience vivante de théâtre.
En ce mois de janvier commence donc le tournage d’une série autour du spectacle. À partir de la pièce de théâtre, sans être une captation ni véritablement un film, je vous propose 6 épisodes de 15min pour découvrir autrement Insoutenables longues étreintes.
Dans ce moment d’incertitude quant à la date de nos retrouvailles, on se demande comment préserver le lien, comment entretenir la curiosité et comment surmonter la tristesse de cette séparation et de cet isolement. Je voudrais aller encore plus loin que la recherche d’une simple solution palliative. Je voudrais qu’on se questionne sur la façon de créer et de faire vivre une œuvre théâtrale dans des conditions exceptionnelles comme celles d’aujourd’hui.
Nous sommes à la recherche d’une manière de réaliser ce croisement entre un spectacle et sa version digitale, qui ne serait pas une simple captation. Et on se demande à quel point le virtuel peut ou ne peut pas préserver la magie du moment présent.
On va tenter l’aventure avec l’équipe d’Insoutenables longues étreintes au mois de janvier et on vous tient au courant !
Galin Stoev