invisibili
Distribution
Production Compagnie 111 – Aurélien Bory / Teatro Biondo Stabile
Coproduction ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie, La Coursive scène nationale de La Rochelle, Agora Pôle national des Arts du cirque de Boulazac, Le Parvis scène nationale Tarbes Pyrénées, (en cours)
Informations
Résumé
Invitation à Aurélien Bory
Un théâtre qui est sur une île de la Méditerranée, ou plutôt : sur l’île qui est le nombril du bassin le plus riche en histoire au monde, une mer qui est un continent en soi et qui hélas est devenu la scène silencieuse de tragédies intolérables, ce théâtre-là ne peut pas – dans les choix de sa programmation – faire abstraction de sa propre identité. Palermo est un nom qui vient de l’arabe et qui signifie Port Ouvert.
Aujourd’hui encore il peut se vanter d’hospitalité et de tolérance, c’est dans son ADN. De même, notre recherche s’oriente vers les ouvertures culturelles et les contaminations artistiques.
Aurélien Bory est un chorégraphe-metteur en scène qui, avec poésie et une extrême grâce, sait évoluer entre tous ces niveaux, qui sait se fondre, s’immerger dans les questions et les langages du monde et de son temps.
Notre langage sera un spectacle multidisciplinaire qui parlera de migrations, de mouvements, d’assimilations, d’efforts, de découvertes ; et il impliquera des artistes de différentes disciplines et différentes races, ou plutôt, de cultures et origines différentes. De races, une seule : celle humaine.
Pamela Villoresi, Teatro Biondo, Palerme
Projet Palerme
Un projet naît toujours d’une nécessité. « S’il n’y a pas de nécessité, il n’y a rien ou pas grand-chose » disait Gilles Deleuze. On ne se réveille pas un matin avec une idée, elle naît toujours d‘une nécessité. Et souvent l’idée qui découle alors revêt un caractère improbable. L’imprévu reste pour moi le meilleur des signes pour mes projets de création, car les idées comme les rencontres ne se décrètent pas. Elles se présentent à vous, et coïncident. C’est ce qu’il s’est produit à Palerme.
Quand Pamela Villoresi, directrice du Théâtre Biondo m’invite à Palerme, j’ai en tête l’histoire de la Sicile marquée par les nombreuses influences, visible aujourd’hui dans chaque rue, chaque place, chaque bâtiment de la ville. La Sicile est placée au centre d’un continent d’eau, traversé par des siècles de cultures et de civilisations. Palerme est un point de convergence. Phéniciens, grecs, ostrogoths, byzantins, maures, berbères, arabes, espagnols, italiens… Depuis l’antiquité « l’île du soleil » de l’Iliade a attiré vers elle de lointains horizons. Ce sont d’autres odyssées aujourd’hui, avec le voyage des migrants arrivés à Palerme et faits citoyens d’honneur par le maire Leoluca Orlando, à contre-courant de la politique italienne et Européenne. Quand un journaliste plus tard lui demande combien il y a d’étrangers à Palerme, il répond : « aucun, il n’y a que des palermitains ».
Palerme a composé et compose encore aujourd’hui avec ses mouvements. C’est le même processus à l’œuvre dans la création. Il n’y a pas d’art sans mouvement, sans altérité, sans pas de côté. Ce n’est pas le centre qui m’inspire dans mon travail, c’est la périphérie, où l’on croise à chaque point la possibilité d’une tangente. Je pense au spectacle Palermo Palermo, c’est déjà Leoluca Orlando qui accueille Pina Bausch en 1989, convaincu que les artistes et les poètes peuvent ouvrir de nouvelles voies. J’ai vu à Paris ce spectacle. Les œuvres qui nous marquent sont comme des rencontres, elles nous changent à jamais. En arrivant à Palerme j’ai en tête ce mur de béton qui tombe au début du spectacle et cette dame qui se fraye un passage au milieu des débris.
Pour cette création je vais rejoindre Pamela, Leoluca et devenir palermitain. Je vais créer avec d’autres palermitains, qu’ils viennent d’Orient, d’Afrique ou d’Europe. Palerme dont Dante disait qu’elle accueille les poètes sera notre Paradiso. Un lieu comme un recours salutaire, où l’art peut être partagé, comme on fabrique un lien secret. Il y aura de la danse, des chants, du cirque, des marionnettes à fil puisque cet art a perduré en Sicile, et bien sûr des poètes. Pamela Villoresi a fait de nombreux spectacles avec Giorgio Strehler, elle m’a dit qu’il aimait citer cette phrase de Louis Jouvet : « Seuls les poètes ont une vocation, seuls les poètes restent ».
Aurélien Bory, Toulouse