Ouvert à tou.te.s, le ThéâtredelaCité développe sa politique d’accessibilité, notamment à l’attention des personnes en situation de handicap visuel ou auditif. Il s’agit de prendre en compte les besoins de chacun, veiller à un meilleur accès de l’ensemble des publics à la culture, favoriser la rencontre avec des oeuvres et des artistes.
Lao (J’en rêve, viens me chercher) de Daniela Labbé-Cabrera et Aurélie Leroux sera adapté en langue des signes française.
Cet automne, La DOUBLE inconstance de Marivaux mis en scène par Galin Stoev et Nous, dans le désordre d’Estelle Savasta seront proposés en audiodescription.
L’audiodescription, un procédé ingénieux
Créée à l’université de San Francisco par Gregory Frazier en 1975, l’audiodescription se développe tout d’abord pour le cinéma avec l’aide d’August Coppola. La France a été la première à importer ce procédé.
En 1990 au Théâtre National de Chaillot, Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare, mis en scène par Jérôme Savary, sera la première représentation théâtrale audiodécrite. Aujourd’hui en France, plus de cent théâtres et opéras proposent des spectacles en audiodescription.
L’audiodescription est un ensemble de techniques qui permettent de rendre des films, des spectacles ou des expositions, accessibles aux personnes déficientes visuelles grâce à un texte en voix-off qui décrit les éléments visuels de l’œuvre.
La voix de la description est placée entre les dialogues ou les éléments sonores importants afin de ne pas nuire à l’œuvre originale. Elle décrit les éléments purement visuels : actions, mouvements, expressions, décors, costumes…
Au théâtre, la personne aveugle ou malvoyante est équipée d’un casque sans fil lui permettant de suivre, en toute autonomie, la représentation en compagnie de spectateur.rice.s voyant.e.s.
L’audiodescription concerne potentiellement 1,7 million de personnes déficientes visuelles.
J’aime bien dire que les audiodescripteur.rice.s sont des traducteur.rice.s d’images. J’aime parfois dire aussi que nous sommes des restaurateur.rice.s d’images : comme s’il y avait des trous dans un tableau et qu’il nous fallait faire ressurgir tel ou tel détail tout en gardant l’esprit de la pièce, le rythme, le type de pigments…
Il ne s’agit pas de se précipiter sur le moindre blanc pour y caser le maximum d’indications, mais au contraire de rebondir sur les reliefs des éléments sonores, de mettre en valeur les silences (parfois plus parlants qu’une description). Tout est affaire de choix des informations contenues dans l’image. Les mots doivent faire image. Le choix des mots est donc primordial car tous ne font pas image.
J’aime bien dire que la règle en description c’est qu’il n’y a pas de règle. Dans le sens où chaque œuvre interroge une nouvelle façon de voir donc une nouvelle façon de mettre en « mots » cette façon de voir.
Le propre de la description, est que celui qui écoute soit à même de construire sa propre image mentale, son propre point de vue. Comme le conteur traditionnel, le descripteur a pour règle d’or de se faire discret. Il est une présence bienveillante qui s’exprime par le biais de cette petite voix qui tend à se fondre dans la pièce.
Dune Cherville, audiodescriptrice