3 questions à Corinne GaillardThéâtredelaCité

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3 questions à Corinne Gaillard

Directrice de La Place de la Danse – CDCN Toulouse Occitanie

10000 gestes – Tate Modern Londres, 2019 © Brotherton Lock

Depuis l’entretien, suite aux annonces gouvernementales, le Festival ICI&LÀ 2021 qui devait se tenir du 20 janvier au 6 février 2021 a été annulé.

Qu’est-ce que La Place de la Danse – CDCN Toulouse Occitanie ?

Comme tous les Centres de développement chorégraphique nationaux (CDCN) de France (il en existe à l’heure actuelle 13, répartis sur l’ensemble du territoire national), La Place de la Danse est chargée de soutenir et d’accompagner les compagnies chorégraphiques indépendantes. Nos interventions vont de la production des créations, par exemple en les accueillant en résidence, jusqu’à la diffusion, en programmant leurs spectacles, le plus souvent avec des partenaires. Les CDCN mettent également en œuvre des plans d’actions artistiques et culturelles, auprès de publics de toutes catégories, jusque dans les établissements scolaires, les hôpitaux ou les prisons. La Place de la Danse est par ailleurs le seul CDCN et une des rares structures nationales à proposer une formation d’interprète chorégraphique. Quelque 150 artistes ont bénéficié de cette formation depuis son ouverture, en 2000.

Grâce au partenariat avec le ThéâtredelaCité, deux pièces avec de nombreux danseurs sont présentées sur le grand plateau de La Salle dans le cadre de votre festival international annuel, ICI&LÀ.

Il s’agit de 10000 gestes de Boris Charmatz, 19 danseurs, et any attempt will end in crushed bodies and shattered bones de Jan Martens, 17 interprètes. Pour porter puis programmer ces créations, mieux vaut en effet se regrouper à plusieurs. Avec le ThéâtredelaCité, nous pouvons présenter la pièce de Jan Martens au public, qui a par ailleurs été produite grâce à l’aide conjointe de 6 CCN (centres chorégraphiques nationaux) et de 6 CDCN, à travers un dispositif spécifique que nous avons appelé « La Danse en grande forme ». Il est capital de soutenir ces projets, assez lourds financièrement, car il existe en France un réseau important de vastes plateaux et le public apprécie les propositions dansées par de grands effectifs. Nous nous devons d’accompagner les chorégraphes indépendants qui ont le désir de créer ce type de grande forme et qui ont de plus en plus de mal à trouver des moyens de production.

any attempt will end in crushed bodies and shattered bones © Jan Fedinger

Au CUB est également programmé Étreinte(S), la nouvelle création de Marion Muzac, « artiste complice » de La Place de la Danse. Que veut dire ce terme exactement ?

Marion Muzac est une artiste proche de La Place de la Danse, où elle s’est d’ailleurs en partie formée. Nous avons été à ses côtés lors de chacune de ses créations, depuis Le Sucre du Printemps jusqu’au récent Mu, pour le jeune public. Depuis cette année, elle est, avec Sylvain Huc et Marta Izquierdo Muñoz, l’une de nos trois « artistes complices », vivant et travaillant ici, dans la région, qui bénéficient d’une attention renforcée, et ce pour plusieurs années. Avec chacun d’eux, La Place de la Danse lance des chantiers et des projets divers, en phase avec leur travail artistique. Pour Étreinte(s), le studio de La Place de la Danse a par exemple accueilli les temps d’audition de danseurs amateurs, invités à rejoindre la distribution, et des périodes de résidences de création. Pensée bien avant la crise sanitaire que nous traversons, cette pièce résonne bien sûr fortement avec le contexte actuel de distanciation sociale, mais son propos dépasse largement la conjoncture. Cette pièce est portée par trois femmes, Marion Muzac à la chorégraphie, Johanna Luz à la création musicale, Émilie Faïf à la scénographie, et j’en suis ravie. Comme le ThéâtredelaCité, La Place de la Danse ne manque jamais de mettre en avant les femmes artistes, qui n’ont toujours pas, malheureusement, leur place assurée sur l’avant-scène.