La Disparition du Paysage
Représentations
Distribution
Production
Centre International de Créations Théâtrales / Théâtre des Bouffes du Nord
Coproduction
Compagnie 111 – Aurélien Bory ; ThéâtredelaCité – centre dramatique national Toulouse Occitanie ; TNB – Théâtre National de Bretagne ; Théâtre National du Luxembourg ; Les Hivernales du Festival d’Anjou ; La Coursive – Scène Nationale de La Rochelle ; en cours
L’équipe artistique a été accueillie en résidence au ThéâtredelaCité
Ce spectacle a reçu une aide à la création de la Mairie de Toulouse
Le texte est édité aux Éditions de Minuit
Informations
La Salle
Durée estimée 1h10
TARIF A
Résumé
Un homme parle, immobile, réduit à l’immobilité en fauteuil après un attentat dont il a été victime dans un café. Il se souvient de la déflagration, puis tout s’est volatilisé, dispersé. Le voilà devant une fenêtre à Ostende, livré, condamné à ses pensées, ses souvenirs, ses observations minutieuses. Il aperçoit un chantier important en train de s’édifier : on construit apparemment un haut mur qui peu à peu envahit l’espace de la fenêtre, cache la vue, obscurcit et enferme la chambre où il est. Pensées et souvenirs s’obscurcissent à leur tour. La déflagration semble revenir. Il y eut un choc si violent, si total.
L’homme en réalité est mort sur le coup.
Je connais Jean-Philippe Toussaint depuis quelques années, j’ai enregistré le texte de Football, mais je le lis depuis 1984 à peu près, accueillant chacune de ses œuvres avec émotion. J’aime son style, son humour, sa clarté même dans la mélancolie. En le lisant, je peux penser simultanément à Hergé, à Jean-Jacques Rousseau (pour la limpidité d’écriture), et au cinéaste Lee Chan-Dong, qui a fait Poetry et Burning.
Il me fit don de ce texte il y a un peu plus d’un an dans un café à Paris, où il voulait me le remettre en mains propres. J’étais étonné de cette discrétion, comme si nous étions dans un film d’espionnage. Il ne l’avait pas publié (chez Minuit, comme tous ses livres), et ne le publierait pas encore : seulement, sans doute, quand je le jouerais. Bon, très bien, je le reçus comme le début d’une mission : faire passer ce texte dans la chambre d’écho d’un théâtre.
Comment donner à entendre (à voir ?) ce flux de pensées, de sensations, de réminiscences ? Et comment faire avec la mort, toujours présente, déjà là, ombre et instant ?
Il fallait un espace particulier, inédit. Aurélien Bory s’est intéressé au projet. Dans le café où nous nous sommes aussi rencontrés, il s’est mis à griffonner de petits croquis autour du thème de la fenêtre qui s’obture peu à peu. Quantité d’espaces différents ont affleuré dans l’imaginaire commun qui s’édifiait doucement.
Cette réflexion est très stimulante. Je relis plusieurs fois le texte, disons la pièce. S’y manifeste une grande inquiétude, qui est notre commune et sourde inquiétude à tous. Inquiétude qui perd son nom, sa forme, son contour, tant elle s’accroît, se diffuse, tout en semblant parfois s’évaporer. Je suis à la fois plus sensible à l’acuité tranquille de la langue, et au soufflé de l’explosion. Elle balaye le monde en une seconde, et nous habitons cette seconde là, avec élégance, raffinement, presque avec humour.
J’espère que nous nous acquitterons bien de la mission. C’est aussi, à mon sens, une des missions du théâtre : donner voix, corps, espace et temps à la prose des grands écrivains, à la littérature de notre temps bizarre.
Denis Podalydès
Journal
DOSSIER : ÉCRITURES DRAMATIQUES CONTEMPORAINES
La création est projection et rencontre – avec une œuvre, un motif, une question, une personne. Comme lors de la cristallisation amoureuse définie par Stendhal, de l’admiration naît le désir. De la muse naît l’inspiration. Reste ensuite à la conquérir et à se mettre au travail. Si écrire sur quelqu’un est déjà quelque chose, écrire pour quelqu’un – qui plus est au théâtre où la parole est performative – en est une autre : cela induit en effet un engagement actif de part et d’autre de la relation. Plus qu’un cadeau, c’est un appel. Une idée illustrée par l’écriture de La Disparition du Paysage de Jean-Philippe Toussaint et de la version française de J’accuse d’Annick Lefebvre.
DOSSIER : ÉCRITURES DRAMATIQUES CONTEMPORAINES
À l’honneur ce trimestre au ThéâtredelaCité, que nous racontent les dramaturges contemporain∙e∙s du monde, de nous, mais aussi du théâtre d’aujourd’hui et de l’écriture elle-même ? Écritures d’ici et maintenant, de demain ou d’ailleurs. Écritures collectives ou en solo. Écritures de plateau ou de papier. Écritures documentaires, de fiction, de docu-fiction, de science-fiction. Réécritures. Adaptations de romans, de films, de contes ou même de pièces de théâtre. Écritures de commande ou spontanées… Le prisme est immense : seul le recul donné par la postérité pourra y tracer des lignes et en faire émerger les classiques de demain. Car, comme Galin Stoev et Stéphane Gil qui ont dessiné cette foisonnante programmation aiment à le rappeler, nos classiques ont d’abord été les contemporains de leur époque.
Photos
A écouter
France Culture – Par les temps qui courent par Marie Richeux
Aurélien Bory : « J’ai toujours eu envie de déployer des paysages intérieurs »
France Musique – Musique émoi par Priscille Lafitte
« Denis Podalydès, comédien et metteur en scène »
Dense et compact, La Disparition du paysage offre à Aurélien Bory et Denis Podalydès l’occasion d’un dispositif théâtral qui éclaire l’effacement de nos repères dans un réel figé et incertain.