LOCO
Représentations
Distribution
Production
Ifo Asbl
Coproduction
Le Théâtre National de la Fédération Wallonie-Bruxelles (Belgique) ; ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie ; Théâtre de Poche, Bruxelles (Belgique) ; Maison de la Culture de Tournai (Belgique) ; Festival Mondial de la Marionnette Charleville-Mézière (France) ; Fondation Corpartes Santiago (Chili) ; L’Atelier Théâtre Jean Vilar Louvain la Neuve (Belgique)
Remerciements pour la contribution artistique à Sophie Warnant
Informations
La Salle
Durée estimée 1h30
TARIF B
Résumé
Le Journal d’un Fou est un conte absurde qui traite de la frontière incertaine entre folie et raison. Le héros de la nouvelle, Poprichtchine, est un fonctionnaire au bas de l’échelle qui vit son quotidien entre la routine de son emploi dérisoire et ses petits plaisirs d’homme solitaire. La découverte d’un pouvoir extraordinaire lui donne l’espoir de changer son destin : conquérir une femme inaccessible et accéder à une place honorable au sein de la société. Mais ce « pouvoir » est aussi le premier pas vers la folie, qui l’amène à créer sa propre version de la réalité : il s’autoproclame « Roi d’Espagne Ferdinand VIII ».
Journal
C’était en mai 2021. Je revenais au théâtre pour la première fois après des semaines de confinement et des mois de fermeture des établissements culturels. Le ThéâtredelaCité
rouvrait et donnait la dernière création de la compagnie Baro d’evel, Falaise.
J’avais, enfin, le plaisir de me retrouver dans le ventre de la salle obscure, dans un confinement aussi volontaire qu’éphémère, qui n’était plus isolement et distanciation sociale, mais rapprochement et rassemblement avec d’autres qui avaient fait, au même moment, le même choix que moi.
De Falaise, je retiens une image, en lever de rideau : un pied, chaussé d’un gros soulier, troue brutalement la muraille qui s’élève autour du plateau. Le coup est franc, puissant : il arrache des gravats crayeux et ouvre une brèche par laquelle passe bientôt un corps que l’on entend marmonner des choses incompréhensibles, dans un parler oscillant entre langue d’Espagne et langue de la folie.
Je pouvais interpréter ce coup de pied initial de deux façons : comme une libération, que venait immédiatement confirmer un vol d’oiseaux, passant soudain d’un coup d’aile de coulisse à coulisse, ou comme un geste de destruction dans une scénographie qui est peu à peu percée, dégradée, détruite par d’autres pieds et jambes qui la mettent en ruines.
Les arts corporels sont une chance pour le théâtre car ils lui ouvrent un champ, voire des outils de réinvention et d’inspiration.
Photos
Tout ceci vient, je crois, de ce que les gens se figurent que le cerveau est logé dans le crâne; pas du tout : il est apporté par un vent qui souffle de la mer Caspienne.
Le Journal d’un Fou – Nicolas Gogol
Il paraît qu’en Angleterre, on a vu sortir de l’eau un poisson. Il a dit deux mots dans une langue tellement étrange… Les savants essaient de la traduire depuis trois ans déjà… en vain
Le Journal d’un Fou – Nicolas Gogol
Note d'intention
Au travers de l’histoire de ce petit employé, nous interrogerons nos propres solitudes, désirs, frustrations et troubles face à ce qui est établi et raisonnable. Les aventures surréalistes et poétiques de P. nous donnent un accès direct et intime à l’absurdité à laquelle nous sommes régulièrement confrontés dans nos vies : le besoin vital d’acquérir une place valorisante au sein de la société tout en constatant l’absurdité de ses valeurs ; le conflit identitaire entre “l’être” et “le paraître” constamment attisé par l’exigence de notre société basée sur la séduction et la performance. Ce n’est pas un éloge de la folie en tant que pathologie, mais un besoin de “mêler les cartes”, de sortir du discours habituel, de chercher un nouvel axe de regard sur la réalité. Quitter la logique habituelle, pour rêver d’autre chose. Puisque paradoxalement, c’est en perdant la raison que notre héros a des éclairs de lucidité sur le système dont il fait partie.
Notre intention est d’explorer la nature multiple que chacun de nous porte en lui, de formes de démesures à la fois souterraines et agissantes, du hiatus entre “vie jouée” et vie vécue, et surtout de l’énormité d’un imaginaire qui se déploie dans une solitude silencieuse.
Une marionnette de P. va se construire, se morceler, se recréer à la guise de ses désirs identitaires, se remodeler encore. L’utilisation d’une figure marionnettique manipulée, qui se prête à des transformations permet de rendre visible ces corps multiples que chacun porte en lui, de mettre en jeu ce que Gogol nomme “l’origine de nos différences”.
Le corps humain comme lieu de l’unité sociale, comme carrefour des enjeux politiques et culturels.
– Le corps social (ce qu’on laisse voir aux autres, qui porte une fonction dans la société)
– Le corps imaginaire (ce qu’on s’imagine être, selon nos humeurs)
– Le corps fantasmé (capable de réaliser tous nos désirs)