DOSSIER : L’ATELIERCITÉ
À 27 ans, il est le metteur en scène associé à l’AtelierCité, la troupe éphémère du ThéâtredelaCité installée dans les murs. Il partage avec ces comédien∙ne∙s en devenir l’enthousiasme des jeunes artistes auxquel∙le∙s on donne enfin carte blanche pour bâtir et montrer leur travail dans de bonnes conditions. Sorti récemment de l’école du TNS, Simon-Élie Galibert a choisi Thomas l’Obscur, roman incontournable de Maurice Blanchot comme porte d’entrée sur son univers et une histoire d’amour ratée comme point de départ…
DOSSIER : L’ATELIERCITÉ
Depuis deux ans, malgré les théâtres fermés et les publics confinés, l’AtelierCité, la troupe éphémère du ThéâtredelaCité, n’a pas chômé. De la création du Tartuffe à la tournée de Faustus à venir dans les lycées d’Occitanie, des toutes dernières créations Sans fins. et Chiot de garde aux seul∙e∙s en scène d’ancien∙ne∙s de l’AtelierCité (La Fugue, J’ai rêvé d’un cafard…), la variété des propositions qu’ils∙elles nous donnent à découvrir cette saison témoigne de la belle vitalité du dispositif.
La pandémie que nous traversons et ses conséquences en cascade dans les recoins les plus inattendus de nos vies ont mis en exergue bien des mutations à l’œuvre dans nos sociétés. Devoir redéfinir la place de chacun∙e dans un espace-temps si différent de celui qui pouvait paraître immuable constitue également une riche expérience collective. Des lignes bougent, d’autres s’affirment plus fort, d’autres encore tentent de survivre à leur propre mort. Le monde occidental tremble sur ses fondations. Ce n’est pas sa première révolution. Tout cela fait que les schèmes habituels de la pensée échouent à embrasser la complexité d’un temps où tout va plus vite. Idéologies politiques, structures sociales et même la toute-puissante économie vacillent sur leurs certitudes quand elles ne sont pas en faillite. Entre espoirs, fantasmes et craintes d’un hypothétique « monde d’après », comment penser le présent ?
Ils sont nombreux dans l’histoire du théâtre : érigés en mythes tels Roméo et Juliette sous les ors de toutes les scènes du monde ou, plus discrets et proches de nous, héros ténus d’histoires minces qui pourtant nous subjuguent, les gens qui s’aiment sont toujours un peu les mêmes comme dit la chanson de Sheller. En janvier en tous cas, ils voisineront librement dans les créations à l’affiche, entre la démesure de la Grande Histoire et le petit périmètre subtil de l’intime.
Le réel, alibi de Milo Rau
Comment faire exister une victime sur scène ? Avec six acteur∙rice∙s, professionnel∙le∙s et amateur∙ rice∙s, Milo Rau enquête sur le meurtre d’un jeune homme homosexuel violemment assassiné à Liège en avril 2012. À la recherche des émotions de base de l’expérience tragique, le metteur en scène tend vers des questionnements universels, en prenant comme point d’ancrage le cas tragique d’Ishane Jarfi : Comment se confronter à l’Histoire ? Comment peut-on représenter la violence sur scène ?
Après quatre ans d’attente et de rendez-vous manqués à cause de la fermeture des théâtres, nous sommes très heureux de pouvoir (enfin) recevoir Milo Rau et son équipe. Énorme succès présenté au Festival d’Avignon en 2018, La Reprise. Histoire(s) du théâtre (I) renouvelle le désir du metteur en scène suisse allemand de questionner les possibilités du théâtre face au réel. Cette mise en tension s’impose comme le fil rouge de l’ensemble de ses créations et prend le∙la spectateur∙rice à partie sur la représentation de drames bouleversants tels Five easy piece (2016) et Familie (2020). Fruit d’un travail collectif, la pièce de Milo Rau raconte la naissance d’une tragédie contemporaine et l’émergence d’une réflexion sur un art de théâtre essentiel : Qu’est-ce que l’émotion, la vérité, la présence, l’engagement artistique ?
BÉLIER
Tournant en rond dans ton bocal depuis trop longtemps, tu aspires à découvrir de nouveaux horizons. Tel L’Enfant Océan dans Ponyo sur la falaise, fuis les personnes qui veulent restreindre tes possibles et laisse-toi emporter par la première vague venue.
Autant de publics que de spectacles
Comment donner envie aux gens de pousser la porte d’un imposant bâtiment tout de verre vêtu comme peut l’être le ThéâtredelaCité ? Comment démystifier sans relâche l’image du théâtre réservé aux initié∙e∙s ? Dès le hall, réchauffer les espaces, donner à chacun∙e l’assurance qu’il∙elle y est bienvenu∙e, faire coïncider la timidité vaincue et l’émotion d’une première découverte, le confort d’un fauteuil et la rencontre intime avec un spectacle, des grandes lignes de développement aux plus petits détails, tout ceci fait partie du rôle du service des publics.
Tout semble revenir à un rythme normal, et en même temps, beaucoup de choses ont changé, beaucoup de postures et d’idées sont en train d’évoluer. Je suis persuadé que l’étonnement du public pour l’art de la scène est toujours
vivant et palpable. Je sais que les artistes cherchent déjà à comprendre ce que nous traversons et à explorer à travers des formes variées de multiples facettes de notre expérience
commune. Le théâtre a cette force de créer des communautés éphémères habitant des réalités parallèles pour un moment, et pour nous aider à comprendre notre propre réalité en la projetant dans une perspective plus vaste. Pour y arriver, le théâtre mélange des histoires vraies et des fictions, des faits divers et des rêves, traditions et innovations. L’envie de partager tout cela avec vous est toujours présente et les artistes travaillent pour extraire de la poésie là où les autres ne voient que la banalité du quotidien. Suivons ensemble leur élan en savourant les différents univers artistiques cachés au fil des pages de notre journal.
DOSSIER : LE CORPS EN MOUVEMENT CET AUTOMNE
Mazùt, pour Baro d’evel, c’est un retour aux sources. Un retour aux sources animales de l’humanité tout d’abord. Si, en 2012, Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias créent ce duo, c’est pour partir à la recherche de l’animal qui les habite. Faire tomber les défroques, les peaux qui les couvrent – travail, habitudes, modernité – et retrouver l’instinct du mouvement et du souffle. Respirer, être au monde, juste ça, comme sont les bêtes. Redevenir des Humains à tête de cheval, et apprendre à se tenir debout dans un monde qui fuit de partout et se déchire en morceaux. Surréaliste et mythologique, romantique et clownesque, âpre et tendu, Mazùt représente aussi pour ses créateur·rice·s un retour aux sources des pièces qui l’ont suivi, Bestias, Là (présenté du 22 juin au 2 juillet avec et au théâtre Garonne) et Falaise. Dix ans après, ils renouent avec cette origine en transmettant leur duo à deux de leurs fidèles compagnons de route.
Mazùt, pour Baro d’evel, c’est un retour aux sources. Un retour aux sources animales de l’humanité tout d’abord. Respirer, être au monde, juste ça, comme sont les bêtes.