On pourrait toutes et tous, d’emblée, s’interroger à nouveau sur le sens du mot, mais ce serait devoir faire un trop long retour, ici, sur des siècles de luttes, débats, manifs et victoires (tout de même) menés par les femmes pour dénoncer les inégalités qui les entravent et les violences qui leur sont faites. Féministes nous le sommes, encore et toujours, résolument, par conviction et par nécessité. Féministes vous dev(ri)ez l’être, ostensiblement, solidairement, en toutes occasions, vous, nos déclarés-alliés, les hommes. Jusqu’à ce qu’en tout nous soyons – tranquillement et toute colère bue – vos égales. Alors, à défaut de redéfinir encore une fois le terme et de perdre un temps précieux à redessiner les contours d’une liberté qu’on veut au contraire de droit, inaliénable et sans limites, penchons-nous sur ce que le théâtre s’engage à faire entendre de cette voix des femmes.
Dans le domaine d’Oncle Vania, ce qui reste d’une famille éclatée se retrouve pour tenter de vivre ensemble et réinventer un futur commun. Galin Stoev s’empare de l’une des oeuvres emblématiques d’Anton Tchekhov et la place dans un futur proche dystopique. Avec humour et une acuité féroce, il offre un passionnant théâtre de l’intime. Désir, ambition, regret, solitude… la nouvelle création du ThéâtredelaCité nous plonge au coeur de la comédie humaine.
Conférence dessinée
Comment continuer à construire quand tout vacille ? Comment investir émotionnellement de nouveaux récits quand sont en jeu les conditions d’habitabilité de l’espèce humaine sur Terre ?
Aujourd’hui, nous avons souvent l’impression que la réalité concurrence la fiction. Une guerre en direct sur nos écrans est toujours plus impressionnante qu’une représentation théâtrale ; la politique sur la scène mondiale, même souvent dépourvue de qualités artistiques, nous paraît plus palpable que ses avatars scéniques. Et pourtant on revient au théâtre comme à un refuge, parce que le théâtre nous propose des expériences en dehors de la zone de danger. Et aussi parce qu’il reste un des seuls endroits où on peut pleinement descendre dans les ténèbres pour s’élever jusqu’aux rêves et aux idéaux qui animent autrui. Après une belle représentation, on a l’impression d’avoir comme pénétré le secret de l’être humain, en d’autres termes, on peut expérimenter une histoire dans son intégralité et dans sa consistance. De la part du spectateur, cela requiert du temps volontairement accordé au spectacle mais aussi l’envie de partager le même espace-temps avec ses pareils. Et en effet cela nécessite un coup de frein à la réalité pour mieux l’appréhender. La fiction, c’est un moyen d’arrêter le temps et le bruit du dehors.
Ariane Mnouchkine attache une importance viscérale à la transmission et au soin qu’une société accorde à sa jeunesse. Au Théâtre du Soleil, pas un jour ne passe sans qu’un groupe d’étudiants, de lycéens, de stagiaires ne soit accueilli par la troupe et accompagné dans leur découverte du théâtre. En 2014, sur le site de Mediapart, Ariane Mnouchkine adressait des voeux pour la nouvelle année. Et s’ils s’adressaient à tous, ils représentaient surtout un appel puissant et plein d’espoir pour la jeunesse…
Depuis presque de soixante ans, Ariane Mnouchkine remet l’art du théâtre sur le métier. Jamais, elle n’abandonne l’idée d’en explorer les profondeurs, d’en rechercher l’essence. De cette longue expérience, elle nous transmet aujourd’hui certaines de ses réflexions.
La passion du théâtre d’Ariane Mnouchkine s’est révélée lors de son voyage initiatique en Asie en 1963. C’est aussi au cours de cette expédition qu’est née sa fascination pour le Japon dont émerge aujourd’hui L’Île d’Or. Le voyage en Asie ou l’acte fondateur…
La vie d’Ariane Mnouchkine est intimement liée à l’histoire du Théâtre du Soleil, ce lieu unique au monde qui, depuis plus de soixante ans, partage avec le public sa grande utopie théâtrale. Voici comment a débuté l’épopée…
Tous les soirs, juste avant d’aller ouvrir la porte de notre théâtre, je rappelle aux jeunes femmes et jeunes gens qui viennent nous aider à servir les repas des spectateurs : « Mesdames et messieurs, attention, attention, notre théâtre va ouvrir ! » Et quand je suis très gaie, je dis même : « Attention, attention, notre beau théâtre va ouvrir ! » et tout le monde sourit derrière le bar. Quand parfois un événement extérieur nous a angoissé, et Dieu sait si nous avons eu à Paris, ces dernières années, des événements angoissants et cruels, j’ajoute : « Je vous rappelle que nous avons charge d’âmes » et me murmure à moi-même : « comme toujours ».
Avoir charge d’âmes et en être conscient. S’engager à avoir charge des âmes les uns des autres. Ne serait-ce pas, après tout, un projet politique et social, suffisant ? N’est-ce pas ce que « Liberté, Égalité, Fraternité » veut vraiment dire sur les frontons français ?
Comment naît une vocation ? Comment, un beau jour, s’impose-t-elle à soi avec une telle force qu’elle emporte tout sur son passage et transforme une vie ? Où se nichent les origines mystérieuses d’une passion ? Ariane Mnouchkine nous livre ici les clés de son amour fou du théâtre…
Accueillir le Théâtre du Soleil, c’est aussi avoir la chance de rencontrer Ariane Mnouchkine, découvrir son parcours exceptionnel, apprendre de son expérience. Il suffit de retracer sa carrière et l’impressionnante liste de ses créations pour comprendre déjà qu’à travers elle, c’est plus de soixante ans de l’histoire du théâtre qui s’offre à nous…